Pourquoi ce livre ?
En 1967, un an avant les évènements
de mai 68, le « Traité de savoir vivre à l’usage
des jeunes générations » de Raoul Vaneigem, membre
de l’Internationale Situationniste, est
publié à la NRF.
Un livre qui entendait promouvoir
auprès de la jeunesse étudiante, la lutte contre
la dictature de la marchandise.
« Un combat contre le pouvoir
hiérarchisé, la religion, l’idéologie, le travail,
les techniques de conditionnement, l’oppression
policière et ses versions humanisées ».
Alors que les « Trente glorieuses »
et la mondialisation sont passées par là, l’on
peut se demander ce qu’il reste de ces idées
libératrices.
Raoul Vaneigem écrivait dans sa
préface : « Nous ne voulons pas d’un monde où la
garantie de ne pas mourir de faim s’échange contre
le risque de mourir d’ennui ».
Que s’est-il donc passé pour qu’en
2011, dans les pays postindustriels, parmi la
jeune génération, certains, ne soit pas sûrs de ne
pas mourir de faim ?
Le néolibéralisme, l’accession des
pays émergents comme la Chine et l’Inde sur le
devant de la scène économique et politique, les
dégâts causés à l’environnement par le
développement, ont profondément modifié notre
vision du monde.
Peut-être bien que pour la jeunesse
de demain, la question ne sera plus comment savoir
vivre, mais comment savoir survivre.
Si les problèmes de l’heure sont
graves, il semble que des solutions, ainsi que des
personnes de bonne volonté pour les mettre en
œuvre, existent.
Mais l’on peut douter que les
populations soient prêtes à accepter un changement
à 180° de leur façon de vivre.
Et les responsables politiques,
emprisonnés dans l’engrenage de leurs promesses
aussi rassurantes que trompeuses sont-ils encore
crédibles? D’autant plus que ce changement radical
ne concerne pas seulement une nation, mais
nécessiterait une coopération entre tous les
pays et dans tous les secteurs d’activité.
Une véritable gageure.
Les difficultés que rencontrent
aujourd’hui nos concitoyens, tiennent, bien sûr,
comme l’expliquait déjà Raoul Vaneigem dans le
système économique productiviste, capitaliste ou
socialiste. Mais tout un chacun aujourd’hui, est
conscient que les conséquences de ce système ne le
touchent pas seulement personnellement, mais
concernent toute la planète et l’ensemble de ses
habitants.
Mais le « Traité de savoir survivre
… », met l’accent également sur l’occultation
depuis des millénaires du « principe féminin »
dans nos sociétés patriarcales. Pour les
taoïstes, en chaque homme il y a une part de
féminin et en chaque femme une part de masculin ;
et occulter la part de l’autre ne peut produire
qu’un grand déséquilibre dans une société.
C’est ainsi que les problèmes
d’écologie, de mondialisation et de
déstructuration des économies
nationales, révèlent un manque total de
vision globale, c’est-à-dire, de compréhension de
l’auto-organisation du monde vivant.
Les institutions et les grands
groupes industriels ont organisé et géré notre
santé et nos modes de vie, dans la totale
ignorance de cette réalité. « Science sans
conscience… ».
Et nous ne pouvons attendre une
hypothétique prise de conscience de tous ceux dont
la vie ne dépend que de l’ancien monde. Nous
devons nous prendre en charge, et nous ne pouvons
le faire qu’à plusieurs, même si c’est à quelques
uns, et autour d’un projet, même s’il est limité.
Extrait 1 : Hypothèse sur « Mai 68 »
Bien qu’aucune preuve ne permette de
l’affirmer, n’est-ce pas le système lui-même
qui a généré les « évènements de mai 68 »,
ou du moins, certains manipulateurs politiques ne
s’en seraient-ils pas servis opportunément ?
Amusons-nous à analyser
l’environnement économique et politique de
l’époque, en premier lieu avec cette citation du
Professeur Edouard Husson (extraite du site
Marianne 2 et datée du 30 avril 2008), certes un
peu longue, mais si fondamentale pour comprendre
le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui :
« Le 4 février 1965, le général de
Gaulle […] attira l'attention du monde sur les
dysfonctionnements de l'économie mondiale
qu'allait bientôt entraîner le système monétaire
international tel qu'il avait été conçu à Bretton
Woods. Disposant de la seule monnaie convertible
en or, monnaie dont ils avaient fait un moyen de
réserve international, les Etats-Unis pouvaient
s'endetter à volonté puisque le reste de
l'économie mondiale avait besoin de dollars pour
garantir sa propre fabrication de monnaie. En
fait, comme le montrait De Gaulle, qui avait
parfaitement intégré les leçons de Jacques Rueff,
on avait passé le point d'équilibre: la quantité
de dollars en circulation dans le monde était déjà
telle que la monnaie américaine se dévaluait de
fait. Il fallait refaire de l'or, disait-il, le
point d'ancrage du système monétaire
international. Que ne s'est-on payé la tête
de De Gaulle à l'époque! […] Le mythe d'un
président trop vieux se répandit, complaisamment
entretenu par la presse anglo-américaine ».
« [Ses successeurs] ont toléré, puis
encouragé, un système international où le pétrole
a remplacé l'or comme garantie matérielle du
dollar, ce qui conduit les Etats-Unis à défendre
toujours plus agressivement le contrôle qu'ils
exercent sur les approvisionnements pétroliers, au
risque d'embraser le Moyen-Orient. Ils ont
participé toujours plus activement à
l'accaparement toujours plus frénétique par une
minorité d'individus toujours plus voraces d'un
dollar-papier toujours plus dévalué et des
produits financiers fondés sur lui à la valeur
toujours plus hypothétique. Il n'y a pas d'autre
explication sérieuse à la croissance des
inégalités dans le monde. Si l'esprit
européen avait été une réalité à la fin des années
1960, les membres du Marché commun auraient fait
bloc derrière De Gaulle et exigé des Etats-Unis
qu'ils remettent de l'ordre dans leurs finances et
qu'ils adhèrent sérieusement à l'esprit de
détente. Mais les Etats-Unis n'eurent rien à
craindre: on se moqua de De Gaulle, on se réjouit
de son départ. Personne ne s'opposa au coup d'état
monétaire d'août 1971, lorsque Nixon annonça que
les Etats-Unis n'honoreraient plus la
convertibilité en or du dollar ; le président
Pompidou et son ministre des Finances Giscard
d’Estaing capitulèrent comme les autres Européens
».
C’est également dans cette période,
en 1973, que la France, parmi d’autres, interdit
l’emprunt public auprès des particuliers et le
remplace par l’obligation d’emprunter sur le
marché boursier, c'est-à-dire exclusivement auprès
des banques internationales. Une mesure qui
deviendra en 1981 obligatoire dans toute la
communauté européenne.
C’est ainsi que les déficits
américains ont financé impunément la guerre du
Viêt-Nam et toutes les interventions des
États-Unis partout dans le monde, tout en
augmentant de façon totalement absurde la masse
monétaire mondiale.
Or la politique de la France et de
l’Allemagne avant 1968 était justement
d’emmagasiner le plus d’or possible, afin
d’obliger les États-Unis à modérer le rythme de
leur planche à billets et afin que le Franc et le
Mark soient également acceptés comme monnaies des
échanges internationaux.
Avant les « événements de mai 68 »
la France et l’Allemagne détenaient plus d’or que
n’en contenait Fort Knox (qui abrite les réserves
d’or des États-Unis). La France et l’Allemagne
pouvaient mettre les Etats-Unis en faillite !
Cela n’avait pas été possible sans
une politique d’austérité, que l’Allemagne
supportait mieux que la France.
Les Etats-Unis se devaient d’agir,
ils savaient que si De Gaulle allait trop loin
c’était leur hégémonie sur le monde qui risquait
de disparaître au profit de l’Europe. D’une part,
ils connaissaient le ras-le-bol des ouvriers
français, prêts à se lancer dans des
revendications de salaires. D’autre part, il n’est
pas difficile d’imaginer que la CIA ait pu
infiltrer certains groupuscules étudiants et les
inciter à passer aux actes.
Est-ce farfelu lorsque l’on sait que
de futurs présidentiables, très proches des
Américains, mettaient tous leurs réseaux en branle
pour obliger De Gaulle à rejoindre son cher
Colombey-les-Deux-Églises ?
Et comment expliquer autrement, que
nombre d’acteurs des « évènements de mai 68 » se
soient retrouvés, dès l’arrivée de Giscard
d’Estaing à l’Elysée, à des postes clés, en
contradiction totale avec l’esprit de mai 68 ?
Avec le départ de De Gaulle, la
France et l’Europe ont perdu définitivement la
possibilité de rester politiquement et
économiquement indépendantes des puissances
financières mondiales qui imposent partout les
règles absurdes et antiéconomiques de la
mondialisation.
Pour le professeur Édouard Husson,
les Etats-Unis ont fait la guerre à l’Irak, parce
que Saddam Hussein, étant donné la dépréciation
constante du dollar, avait décidé de vendre son
pétrole contre des euros. C’est la véritable cause
de sa mort et de cette hécatombe. Si Saddam
Hussein avait pu vendre son pétrole à l’Europe
contre des euros et à la Chine contre des yuans,
l’Iran aurait suivi, puis certains pays arabes.
À la différence des Français, tout
Américain sait que sa survie dépend du pétrole, de
la suprématie du pétrodollar et que la guerre est
donc inéluctable ! Seuls les Français croient que
le Président des Etats-Unis a le pouvoir de faire
la guerre ou non.
En 2008, face à la dépréciation
récurrente du dollar, les producteurs de pétrole
cherchèrent à récupérer leurs pertes en augmentant
les prix (150 dollars en août). Un jeu dangereux
qui risquait de plonger le monde dans l’inflation
tout en créant un ralentissement de la
consommation et des investissements, donc une
déflation. Les États-Unis devaient
intervenir pour montrer qu’ils étaient encore les
maîtres. Étant donné la dérégulation qui sévissait
dans la finance mondiale depuis des années, faire
éclater la bulle était alors un jeu d’enfant. Tous
les pays détenteurs de dollars se retrouvaient
malgré eux, obligés de défendre cette monnaie dont
ils s’apprêtaient pourtant à se débarrasser. La
déflation qui devait suivre la crise financière et
faire redescendre le prix du baril, n’était pas
pire que celle qui s’annonçait, elle était un
moindre mal pour les Américains, alors qu’elle
touchait toutes les populations de la planète.
Mais pour ceux qui détiennent les rênes de
l’économie et de la politique américaine,
qu’importe le chaos qui touche les peuples.
En fait, tous les gouvernements des
pays développés ou émergents, malgré leur feinte
surprise, étaient d’accord avec le déclenchement
de cette crise bidon, parce que si le prix du
pétrole avait continué à augmenter, c’est toute
l’économie du système mondialiste qui
s’effondrait. Un pétrole à plus de 200 dollars le
baril, aurait cloué au sol toutes les flottes
aériennes du monde et bloqué dans les ports tous
les super-conteneurs.
Ce n’était là que reculer pour mieux
sauter. À quand l’explosion de la prochaine
bulle ?
Extrait 2 :
Dans les anciens pays industrialisés
s’est instaurée depuis la fin de la deuxième
guerre mondiale, une politique sociale exemplaire.
De multiples ONG et associations diverses ont
également vu le jour pour défendre de par le
monde, les droits de l’homme, la dignité humaine,
les droits au travail, à la nourriture, au
logement, etc.
Ces bons sentiments cachent pourtant
une réalité totalement différente et liée à ce que
nous avons défini comme la Globalisation
financière mafieuse.
Il s’agit en fait, d’une stratégie
de gouvernance mondiale décidée par une oligarchie
occulte, qui depuis déjà longtemps cherche à
mettre en place un Nouvel ordre mondial.
Ces oligarques sont convaincus que
les progrès scientifiques et techniques dans le
domaine médical, d’ici la fin du XXIe siècle,
permettront à l’homme de quasiment doubler son
espérance de vie.
Évidemment ce don de la science,
auquel l’homme rêve depuis ses débuts, aura un
coût très élevé, et tout le monde, ne pourra pas
en bénéficier.
D’autant plus que si dix milliards
d’êtres humains voyaient leur espérance de vie
doubler, les conséquences en seraient, à
l’évidence, désastreuses sur tous les plans.
Par conséquent deux classes sociales
vont se retrouver en présence ; les très riches
qui pourront vivre environ cent cinquante ans, et
les autres.
Ce qui signifie que le modèle social
mis en place en Europe au milieu du XXe siècle, se
révèle obsolète.
Les droits sociaux dont tout membre
de l’ « Europe des 15 » jouissait encore, doivent
donc disparaître. Pour ce faire, la première étape
consista à élargir, en 2004, l’Union à 27 pays,
afin d’attiser le feu, c'est-à-dire la concurrence
déloyale, sous le prétexte fallacieux de la
liberté du Marché.
Tout est fait pour que la santé
devienne un luxe et le travail de plus en plus
rare, par les délocalisations sauvages et les
automatisations qui ne cessent de se perfectionner
et de gagner de plus en plus de secteurs
d’activité.
Les acteurs des médias, ignorant
pour la plupart ces perspectives, continuent
inlassablement leur propagande rassurante,
inspirée par ceux qui les financent. Cette
désinformation n’a qu’un seul objectif, endormir
l’opinion publique, pendant que partout sur la
planète, le Marché se charge de réguler la
population, par la famine, la violence, les
saletés chimiques contenues dans l’alimentation de
masse, les révoltes, les guerres, les pollutions,
et les catastrophes écologiques.
Des évènements présentés comme des
fatalités, alors que la plupart d’entre eux sont
les conséquences de ces fameux progrès
scientifiques et techniques mis au service du seul
profit.
Les gouvernements font donc semblant
de tenter de résoudre les difficultés que
rencontrent les citoyens, alors qu’en fait, leur
seule tâche est de les abandonner à leur triste
sort.
Ces oligarques sont très conscients
que tous les progrès techniques bradés sur l’autel
du profit, sacrifient aussi leur propre
environnement, et que cela doit changer.
Malgré leur médiatisation, les
découvertes de gisement de pétrole et de gaz sont
dérisoires étant donné la demande à venir. De même
la prolifération des produits électroniques amène
une raréfaction des « terres rares » qui les
composent ; ils vont bientôt devenir également des
produits de luxe.
Pour gagner plus, il n’est plus
possible, de « jouer sur la quantité ».
Il ne reste donc plus qu’à augmenter
les marges, et tant pis pour le « pouvoir d’achat
» des pauvres. D’ailleurs, depuis trente ans,
chaque année, le monde compte plus de riches et
plus de pauvres.
Et aujourd’hui, pour les partisans
de ce Nouvel ordre mondial, la surconsommation de
masse n’est plus d’actualité.
La deuxième étape a commencé en
2008, avec une arme de destruction massive : leur
puissance financière, qui est en train de
paupériser totalement les classes moyennes et
d’affamer les pauvres.
Ce nouveau paradigme antihumaniste
se cache encore derrière les derniers oripeaux des
valeurs de l’ancien monde.
Pour notre intelligentsia, cul et
chemise avec certains de ces oligarques, il ne
s’agit là, bien sûr, que de paranoïa.
gents comme la Chine et l’Inde sur
le devant de la scène économique et politique, les
dégâts causés à l’environnement par le
développement, ont profondément modifié notre
vision du monde.
Peut-être bien que pour la jeunesse
de demain, la question ne sera plus comment savoir
vivre, mais comment savoir survivre.
Si les problèmes de l’heure sont
graves, il semble que des solutions, ainsi que des
personnes de bonne volonté pour les mettre en
œuvre existent.
Mais l’on peut douter que les
populations soient prêtes à accepter un changement
à 180° de leur façon de vivre.
Et les responsables politiques,
emprisonnés dans l’engrenage de leurs promesses
aussi rassurantes que trompeuses sont-ils encore
crédibles? D’autant plus que ce changement radical
ne concerne pas seulement une nation, mais
nécessiterait une coopération entre tous les
pays et dans tous les secteurs d’activité.
Une véritable gageure.
Les difficultés que rencontrent
aujourd’hui nos concitoyens, tiennent, bien sûr,
comme l’expliquait déjà Raoul Vaneigem dans le
système économique productiviste, capitaliste ou
socialiste. Mais tout un chacun aujourd’hui, est
conscient que les conséquences de ce système ne le
touchent pas seulement personnellement, mais
concernent toute la planète et l’ensemble de ses
habitants.
Mais le « Traité de savoir survivre
… », met l’accent également sur l’occultation
depuis des millénaires du « principe féminin »
dans nos sociétés patriarcales. Pour les
taoïstes, en chaque homme il y a une part de
féminin et en chaque femme une part de masculin ;
et occulter la part de l’autre ne peut produire
qu’un grand déséquilibre dans une société.
C’est ainsi que les problèmes
d’écologie, de mondialisation et de
déstructuration des économies
nationales, révèlent un manque total de
vision globale, c’est-à-dire, de compréhension de
l’auto-organisation du monde vivant.
Les institutions et les grands
groupes industriels ont organisé et géré notre
santé et nos modes de vie, dans la totale
ignorance de cette réalité. « Science sans
conscience… ».
Et nous ne pouvons attendre une
hypothétique prise de conscience de tous ceux dont
la vie ne dépend que de l’ancien monde. Nous
devons nous prendre en charge, et nous ne pouvons
le faire qu’à plusieurs, même si c’est à quelques
uns, et autour d’un projet, même s’il est limité.