Pour en finir avec le Péché Originel             

" Parcourir les nouvelles m'a toujours donné l'impression  extrasensorielle d'appartenir à une autre planète ".  Henri Miller  

La plus grande supercherie de l'Histoire se porte bien.

                                         

Dieu est toujours tabou. Sans même enfoncer des portes ouvertes en condamnant les intégrismes religieux, comment admettre aujourd’hui, que dans le plus puissant pays du monde, le Président prête encore serment sur la Bible ? Pourquoi pas sur l’Iliade, l’Odyssée ou les comtes de Perrault ?

Et quelle dérision ce billet vert, symbole de la toute puissance de Mammon sur le monde, exhibant avec indécence jusqu'au début du 3è millénaire sa devise originelle insensée: «In God we trust», ( En Dieu nous avons foi) !

Même les philosophes des Lumières n'ont pas vraiment osé faire tomber de son piédestal le Dieu de Moïse, placé là par les prêtres pour faire de l'ombre à l'homme libre.

Yahvé, Allah, ou Notre Père qui est aux cieux, c'est la même gangrène qui putréfie l'esprit.

Pour ceux qui trouvent ces paroles choquantes, rappelons la sentence du Bouddha :

"… Il n'existe rien qui soit susceptible d'être offensé…" 

Pourquoi une telle indulgence pour le Dieu de Moïse, caractériel, cruel, coléreux, susceptible et jaloux ! Le Dieu de la Bible ne sait que brandir  l’anathème et la malédiction.

Un Dieu détenteur de la Justice Absolue et nul n'est en droit de contester Ses Jugements  aussi iniques soient-ils. Une Imposture !

Puérils sont mêmes Ses Arguments face aux questionnements  et aux lamentations de Job. La Transcendance de Yahvé force Job à s'incliner. Bien qu'étant  l'homme le plus vertueux il est frappé de tous les malheurs. Quoique Dieu  fasse, Il ne peut être compris. Circulez y a rien à voir!

Le malheur comme le bonheur de ses créatures est totalement indifférent à Yahvé qui ne se soucie en fait, que du devenir de

" Son Peuple ".

« Maître, qui a péché, lui ou ses parents pour qu'il devienne aveugle? Jésus répondit : "il n'y a point de péché, ni de lui ni de ses parents, mais les œuvres de Dieu doivent se manifester en lui" ».       ( Jean IX, 2 ).

Les œuvres de quel Dieu ? Certainement pas celui de la Bible qui donne mission à Juda et Siméon de conquérir toutes les cités cananéennes et de massacrer tous les habitants pour prendre leur place sur cette terre qu'Il leur a promis. Un Dieu qui n'est que le fondement idéologique permettant de justifier la volonté de puissance et les ambitions politiques du Roi Josias.

Si Dieu le Père invoqué par le Christ est le même que celui de la bible, quelle incohérence et quelle farce ce "aimez-vous les uns les autres"! Pas étonnant que les 2000 ans d'histoire du monde chrétien relèvent de la plus grande schizophrénie ( voir commentaire dans le dernier chapitre sur la citation de Cioran concernant l'amour du prochain ).

En fait la notion de fils de Dieu ne vient pas de la bible, mais des célébrations et des représentations des rois divins de l’Egypte. Par exemple, l’ange de l’Annonciation, selon Eugen Drewermann, c’est le Dieu messager Thot envoyé par Amon.

Si Dieu est mort depuis déjà longtemps, l'Occidental se croit encore au centre du monde et sa culture est toujours prisonnière du judéo-christianisme, comme si dans l'univers il n'y avait que lui et son Dieu, avec Son Idée Fixe "Croissez, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la" Genèse 1, 28.

C'est la raison pour laquelle tout monothéiste élude la seule question fondamentale de l'existence : Pourquoi Naître ?

       Jusqu'à la moitié du XIXè siècle, on peut comprendre que les religions du Livre se soient appuyées sur les textes bibliques pour asseoir leur foi. La foi était la croyance en ce qui était révélé par Dieu lui-même.

Mais dès la fin du XIXè siècle, il fallait faire preuve d'une certaine mauvaise foi, justement, pour affirmer encore, que la Bible était Le Livre, et pour croire toujours que les Ecritures Saintes contenaient le code de l'alliance entre Dieu et les hommes.

La découverte en Mésopotamie de textes datant d'environ 6000 ans, montre à l'évidence que la Bible n'est qu'une adaptation de légendes bien antérieures.

En particulier le "Récit du Déluge" biblique, n'est qu'une copie mot pour mot d'une partie de "L'Epopée de Gilgamesh".

Les premiers textes concernant ces légendes, ou ces souvenirs d'un autre âge, ont été mis au jour vers 1850 à la suite de recherches archéologiques sur une zone qui regroupe aujourd'hui l'Irak et la Syrie.

Des textes écrits sur des tablettes d'argile. Il s'agit de la première écriture humaine connue à ce jour, une écriture cunéiforme, c'est-à-dire formée de signes en forme de coin.

Ces tablettes furent découvertes entre le Tigre et l'Euphrate. Les plus anciennes ont été trouvées dans les ruines d'Ourouk.

4000 ans av. J.C, la civilisation mésopotamienne était à son apogée. Nul ne sait d'où venaient les Sumériens, mais ils furent les artisans de la première civilisation connue.

6000 ans av. J.C, ils ont inventé la roue. Ils ont fait sortir de terre les premières cités comme Ourouk qui s'appelle aujourd'hui Warka, entre Bagdad et Bassora.

Ils entreprirent les premiers grands travaux, comme la Tour de Babel, dont on a retrouvé les bases il n'y a pas si longtemps.    

Pour ce qu'on peut en savoir aujourd'hui, c'est là qu'est apparu l'art religieux et que les premières pièces d'orfèvrerie ont été ciselées par des artisans et des artistes. Deux mille ans avant J.-C. les Babyloniens connaissaient l'équation du 1er degré à plusieurs inconnues (tablettes de Nippur).

Une société très organisée, avec ses règles de commerce, ses codes, mais aussi avec ses mythes et ses légendes retranscrits par les lettrés sumériens, sur ces fameuses tablettes.

          Le poème d'Atrahasis, le "Supersage", explique que l'homme n'existait pas encore, lorsque les Célestes descendirent sur la terre et s'installèrent entre le Tigre et l'Euphrate.

Le texte sumérien semble décrire l'arrivée d'extra-terrestres (voir Annexe I). Des êtres dotés de très grands pouvoirs et quasiment immortels.

Ces dieux se répartissaient en deux classes : les Anunnaki et les dieux laborieux, les Igigi.

Anu était le chef des grands dieux et Annugal, le chef des dieux laborieux.

Les Anunnaki  habitaient   des   palais   célestes   (des soucoupes volantes ?), alors que les Igigi vivaient sur terre.

Aidés de leurs machines, les Igigi déplaçaient les montagnes, ouvraient des canaux, et vivifiaient la terre jusqu'à ce qu'ils se révoltent contre les  grands dieux. (Déjà la lutte des classes).

Après avoir un moment, voulu mater cette rébellion, les grands dieux  décidèrent, sur les conseils d'Enki, le dieu ingénieux, de créer l'homme, afin de libérer les dieux laborieux de leurs tâches.

Pour créer l'homme,  Enki et Nintu (Ishtar ?), la déesse mère, prirent de l'argile et un peu d'un dieu déchu. Leur création, appelée "awelou", signifierait pour certain, qu’il y a eu mélange de matière et d’esprit. Mais les dieux sumériens n’ont pourtant jamais considéré que leurs créatures comme des êtres "spirituels".

Selon la mythologie sumérienne, les premiers hommes furent donc des sortes de clones, créés par des dieux, à partir d'un des leurs.

Mais les hommes vont proliférer très vite et causer aux dieux bien des difficultés et des désagréments.

Epidémies et autres fléaux envoyés par les célestes ne réussirent pas à les assagir.

Le Conseil des Dieux s'est alors laissé convaincre par Enlil, le plus prestigieux d'entre eux, d'envoyer un Déluge sur les hommes pour en finir une fois pour toutes.

Les protestations d'Enki l'ingénieux et de Nintu la déesse-mère, ne servirent à rien.

Enki ne pourra s'empêcher malgré tout de sauver un homme de bien qui avait toujours mérité sa confiance : Atrahasis (Noé).

Les dieux trompés par Enki ( futur Prométhée de la mythologie  grecque ) veulent tout d'abord supprimer Atrahasis et sa famille. Mais il aurait fallu remettre les Igigi au travail.

Finalement Enlil et Enki  tombent d'accord sur le fait que si les hommes sont si encombrants, c'est sans doute parce qu'ils vivent trop longtemps, environ 25.000 ans.

Enki et Nintu décident alors de les programmer pour qu'ils ne vivent pas plus de 120 ans.      

« Que les hommes ne vivent pas au delà de 120 années, afin qu'ils ne puissent jamais percer à jour nos connaissances. Ainsi ils ne seront plus une menace pour nous !

Veillons à ce que les hommes ne s'installent jamais dans l'allégresse. Surveillons de près leur prolifération, leur prospérité et leur joie de vivre. Et pour cela, QUE CHEZ LES HOMMES UN TEMPS DE MALHEUR SUCCEDE TOUJOURS A UNE ERE DE BIEN ETRE  ». (voir Annexe II)

La ressemblance avec la Genèse est flagrante :

« Le Seigneur dit alors : " mon esprit ne demeurera pas pour toujours en l’homme ; car l’homme n’est que chair, et sa vie ne dureras plus que 120 ans". » (6,3)

« Le seigneur vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensée de leur cœur étaient sans cesse dirigées vers le mal » (6, 5)

Et avec le livre d'Enoch également :

«  Enoch dit à Noé : "Ils ont découvert des secrets qu'ils ne devaient point connaître; voilà pourquoi ils seront jugés. Le Seigneur a décidé dans sa justice que tous les habitants de la terre périraient, parce qu'ils connaissent tous les secrets des anges et qu'ils ont en leurs mains la puissance ennemie des démons…" »

2000 ans plus tard, c’est à dire environ 1000 ans avant J.-C, les auteurs de la Bible se sont inspirés de ces légendes.

Les Hébreux et Abraham lui-même ont longtemps vécu en Mésopotamie, et ils ne pouvaient ignorer les traditions et les textes des Sumériens.

Ce sont les Hébreux qui ont remplacé les dieux sumériens par Yahvé.

Sans doute une invention dans le but de ressouder des tribus qui passaient leur temps à se quereller.

Un Dieu unique qui aurait choisit le peuple hébreu comme peuple élu, voilà le lien qui pouvait regrouper les tribus d'Israël.

Un Dieu unique dont personne jusqu'ici dans l'histoire des hommes, n'avait encore entendu parler, si on excepte le culte d'Aton, lors du règne d'Akhenaton (Aménophis IV), roi d'Egypte de 1372 à 1354 av J.C. (voir Annexe III)

      En tout état de cause, en Mésopotamie, à l'époque de la splendeur de cette civilisation, la religion telle qu'on l'entend dans le sens judéo-chrétien n'existait pas.

      Pour les Sumériens, ce sont les dieux qui ont créé l'homme. Il n'est jamais question d'un Dieu unique.

      En Mésopotamie, les hommes savaient qu'ils avaient été crées par les dieux pour les servir. Les hommes ne montraient aucun désir de se rapprocher des dieux, de leur montrer de la ferveur et encore moins de les aimer.

Cela ne les empêchait pas d'obéir à une morale : honnêteté, dignité, entraide. Une morale dont la seule justification était d'assurer à chacun une vie en commun supportable.

      Il est étrange que l'on retrouve les deux temps de malheur et de bien être du Récit du Déluge, non seulement dans l'Ecclésiaste, mais également et surtout dans le Mahâbhârata. Vishnou préserve le monde, puis il laisse Shiva détruire ce qui a été construit,  « car tout ce qui a été créé, doit être détruit. »   

       L'histoire, à défaut de nous montrer son sens, nous montre à l'évidence que bien que les dieux envoient périodiquement la désolation aux hommes, ceux-ci n'en cessent pas moins de croître et de se multiplier.

    Si la similitude entre le récit du Déluge des Sumériens et celui des rédacteurs de la Bible est évidente, la vision du monde proposée par le mythe sumérien paraît bien plus cohérente à un esprit d'aujourd'hui que celle qui est donnée   dans la Genèse.

La notion de péché originel est totalement absente de la mythologie sumérienne.

Enki et Nintu, la déesse mère, sont les seuls coupables de la création de l'homme. Ils ne demandent pas en plus à leurs créatures de se mortifier. Les dieux sumériens sont souvent agacés par l’indiscipline de ce troupeau d’esclaves qu’ils ont créés. L’ensemble des esclaves représente une population collective et chaque esclave n’a pas encore d’individualité propre. Enlil ou Enki ne sont pas jaloux d’autres dieux que leurs créatures pourraient adorer puisqu’il n’y en a pas. Ils sont en contact quotidien avec les hommes, qui ne peuvent donc que leur obéir. Le péché d’adorer un autre dieu n’est pas imaginable. Les dieux sumériens n’ont pas besoin, comme Yahvé, d’inventer le péché originel pour culpabiliser l'homme afin de mieux l'asservir… Alors que l'homme n'est coupable de rien si ce n'est de perpétuer sa race d'esclave.

        Si ces légendes sumériennes, issues de notre plus lointain passé ne sont pas encore inscrites dans notre culture, c'est qu'elles risquent de perturber nos croyances, notre tranquillité d'esprit.

Pourquoi ces textes, découverts il y a plus de 100 ans, sont-ils encore si peu connus ?

Les rédacteurs de la Bible n'ont pas cité leurs sources, ils n'avaient aucun intérêt à rendre compte des autres croyances.

Et les religions monothéistes ont tout fait pour cacher ces découvertes, même dans les pays à gouvernement laïque.

L'omnipotence du christianisme repose sur un fabuleux mensonge. En s'appuyant sur la bible, les prêtres de l'Eglise soutiendront que la tradition mosaïque est antérieure à toutes les sagesses grecques et orientales et qu'avec la Genèse "…nous touchons aux origines du monde" ( Tertullien, 155-222 ). Mais l’apologiste chrétien n’avait-il pas dévoilé son mépris pour l’intelligence en disant aussi : "Celui qui croit ne désire rien de plus" ?

La religion de l'antique Mésopotamie est  en fait antérieure de vingt siècles à celle d'Israël, mais il ne fallait pas que la Bible soit reléguée au rang des mythes et des légendes. Jean Bottéro, l'un des plus grands spécialistes français de la civilisation mésopotamienne a écrit dans Le Monde de la Bible d'avril 1998 :

« Chaque fois que les auteurs de la Bible ont pris aux Mésopotamiens un thème de mythe ou de légende pieuse, une vision religieuse, ils les ont totalement refondus, en les adaptant à leur propre vision, leur propre sentiment monothéiste, ou divin, diamétralement éloignés de la religiosité mésopotamienne. »

Aujourd'hui la quasi totalité de ces dizaines de milliers de tablettes a été traduite dans la plupart des langues.

Mais ces œuvres restent bien souvent au fond des bibliothèques. Ces textes ne sont étudiés ni dans les écoles coraniques, ni dans les écoles hébraïques, mais pas plus dans les écoles laïques françaises, anglaises ou allemandes.

         Ce sont pourtant les chercheurs allemands et anglais qui les premiers ont découvert ces fameuses tablettes.

Georges Smith, après avoir étudié les tablettes de la section d'assyriologie du British Museum, lit une communication devant l'assistance de la Society of Biblical Archeology, le 3 décembre 1872.

Il provoque émoi et excitation en présentant un texte païen antérieur à l'Arche de Noé et qui décrit le récit biblique du  Déluge quasiment mot à mot !

En Allemagne le Kaiser Guillaume II assiste à une conférence d'un autre grand assyriologue : Friedrich Delitzsch. Une conférence intitulée Babel et la Bible

A partir des travaux de Georges Smith, Friedrich Delitzsch met en question l'autorité fondamentale de l'Ancien Testament.

Le Kaiser, épris d'esprit scientifique, est enthousiaste, il commence par financer les recherches de l'assyriologue. Il donne lui-même des conférences pour faire connaître ces découvertes véritablement révolutionnaires.

Très vite les instances religieuses, tant protestantes que catholiques, lui font comprendre le danger de ce soutien, de cette caution.

Le Kaiser doit faire amende honorable, il fait volte face. Il tentera même de destituer l'assyriologue de sa chaire à l'université de Berlin.

Aujourd'hui même, à chaque fois qu'un chercheur doit rappeler  que certaines parties de la Bible ne sont que des copies de légendes sumériennes, il doit s'entourer de mille précautions !

      Il est temps d'en finir une bonne fois pour toute avec le Dieu des juifs, des chrétiens et des musulmans !

   Croire que nous avons été créés par un Dieu Unique, d'ailleurs complètement inconcevable, est bien plus absurde que de supposer que nous sommes le résultat de l'évolution ou pourquoi pas, de manipulations génétiques pratiquées sur des singes ou sur des porcs, par des êtres venus on ne sait d'où et dont nous n'avons rien à faire.

Non, nous ne sommes pas des fils de Dieu. Et toute théorie explicative de l’apparition de l’homme sur la terre, quelle qu’elle soit, ne peut être plus extravagante que celle de la création du monde par ce soi-disant Dieu Bon, et pourtant si trop humain : coléreux, jaloux, envieux des autres divinités, vengeur, Chef d’armées, poussant ses créatures à se massacrer les unes les autres !

Les mythes mésopotamiens comme les mythes grecs nous rendent plus modestes. Ces légendes n'ont pas la prétention de régenter notre vie. Elles nous remettent à notre place au sein de la Nature.

 « Quel dieu aurait le pouvoir de diriger la totalité de l'univers, qui pourrait tenir fermement les rênes puissantes de cet abîme infini ?

Qui, quel dieu  pourrait  faire   se   mouvoir  de  concert tous les

cieux ? Echauffer toutes les terres des feux de l'éther ? Etre présent en tous lieux, en tous temps..? »

« S'imaginer… que les dieux ont crée le monde, et qu'ils l'ont crée pour l'homme, c'est pure déraison. Et même si j'ignorais ce que sont les principes des choses, j'oserais pourtant, tirant mes certitudes de l'observation du ciel et de bien d'autres phénomènes, affirmer que le monde n'a nullement été crée pour nous par les dieux : tant ses défauts sont évidents… »

                 Lucrèce, La nature des choses, (98-55 av. J-C.) 

Pour paraphraser le Bouddha disons que celui qui se demande si Dieu existe, va mourir. Il est comme celui qui aurait été blessé par une flèche empoisonnée et qui refuserait de se faire soigner par le médecin avant de connaître le nom du tireur, son adresse, de quelle marque était l'arc etc.. Avant de savoir tout cela, il sera mort.

       Plus de 500 ans av J-C, Siddhartha Gautama avait bien compris que les réponses aux questions que se pose l'homme sont en lui-même. Pour le fondateur du bouddhisme, la seule destinée de l'homme est la souffrance. Il appelle également souffrance (dukkha), l’insatisfaction, la frustration, qui apparaît toujours après le plaisir. Nos désirs sont insatiables parce qu’ils sont sans fin, toujours renouvelés.

La douleur, inhérente à toute existence,  rend celle-ci insupportable, mais l'observation de la nature et l’analyse des causes de la souffrance permettent d'en  atténuer les effets. La plupart du temps les causes de la souffrance relèvent de nos attachements matériels et sociaux.

Et c’est dans l’enchevêtrement inextricable des causes et des effets que s’enchaînent indéfiniment et de façon interdépendante, les phénomènes, les conditions de l’existence.

Pour le bouddhiste comme pour le stoïcien, l'individualisme est à découvrir sous le fatras des instincts animaux et des conditionnements sociaux.

C'est l'ignorance des chaînes causales entre les innombrables paramètres régissant la vie d'un individu qui lui fait croire à sa liberté.

Et la plus forte des illusions du moi c'est l'instinct d'engendrer. Une illusion qui n'est contrariée par aucune culture connue à ce jour.

C'est l'illusion la plus enracinée.

L'individu est un leurre tant il est enfermé dans les conditionnements sociaux. La première carapace à briser c'est le désir de procréer.

L'individu ne pourra se libérer de toutes les peaux qui recouvrent sa nature profonde s'il ne s'est pas débarrassé de cet instinct, qui sous prétexte de pousser à donner la vie, l'enferme dans les règles sociales et lui ôte toute possibilité d'élever son esprit.

Or la découverte de soi n'est elle pas plus importante que l'application des lois et des us et coutumes de la société ?

" Changer soi-même plutôt que changer le monde ".

Le monde n'a aucun intérêt, nous sommes tombés dedans sans l'avoir demandé, il n'est utile de le connaître que pour trouver la voie qui permet d'en sortir.

Le monde n’est peut-être qu’un cadre virtuel pour nous donner l’occasion de mieux nous connaître nous-mêmes.

Le bouddhisme enseigne la connaissance du psychisme humain, il incite à se chercher soi-même, à se former soi-même. C'est une démarche de création de soi, pour "une deuxième naissance", afin de naître de son propre être. Devenir son propre père, comme l’enseignaient les esséniens.

Parce que le véritable "être"  est à l’intérieur, il est seul et unique alors que l’être social est à l’extérieur, polymorphe, multiple. L’être social n’est qu’une accumulation d’opinions contradictoires, de désirs et d’interdits.

Il s’agit de fermer les yeux et les oreilles qui sont faits pour voir et entendre à l’extérieur, afin de voir et d’entendre à l’intérieur de soi.

 « La conscience occidentale regarde en dehors, la sagesse orientale regarde en dedans. » Saisen Susuki

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