La décroissance de gré ou de force
« Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous empruntons celle de nos enfants .» Dicton indien, cité par Nicolas Vanier.
« On ne naît pas humain ; on le devient. C’est pourquoi nous éduquons nos enfants. » André Comte-Sponville.
Les pays développés marchent sur la tête et en aveugles, comment un jeune, aurait-il envie de s’intégrer dans une telle société à l’avenir sombre, s’enrôler sur une telle galère où à l’évidence il n’y a aucun espoir de véritable vie ? Qui osera lui dire qu’il doit s’attendre à une vie de sobriété, de simplicité volontaire ou imposée, alors qu’encore aujourd’hui comme demain, la publicité et la démagogie politique lui font croire le contraire. Pourquoi devrait-il se serrer la ceinture pour les générations qui le suivront, alors que ses parents lui ont donné le mauvais exemple, en ne pensant même pas à lui ?
« Le danger principal est l’incapacité de l’écosystème global à absorber tous les polluants que nous générons. L’arrivée d’une nouvelle ressource énergétique ne ferait ainsi qu’amplifier les changements climatiques. Ne pas puiser dans notre capital naturel semble difficile, ne serait-ce que pour produire des objets de première nécessité comme des casseroles. Mais nous avons déjà prélevé et transformé une quantité de minerais considérable. Cette masse d’objets manufacturés constitue déjà un formidable potentiel de matière à recycler »
« Un défi pour les "riches" : difficile de se remettre en cause lorsque l’on a été élevé au biberon médiatico-publicitaire de la société de consommation… Mais 80% des humains vivent sans automobile, sans réfrigérateur ni téléphone. 94% des humains n’ont jamais pris l’avion. Nous devons donc abandonner notre mentalité d’habitants des pays riches pour nous mettre au diapason de la planète et envisager l’humanité comme une et indivisible… En fait, même si la décroissance nous semble impossible, la barrière se situe plus dans nos têtes que dans les réelles difficultés à la mettre en place. » Objectif décroissance, édition Parangon.
Il va falloir apprendre à vivre en usant jusqu’à la corde les produits que nous possédons et accepter de réparer et de recycler le maximum de choses. Tout en sachant « qu’il n’y a pas plus de recyclage gratuit qu’il n’y a d’industrie sans déchets. » Nicholas Georgescu-Roegen.
En effet pour recycler, il faut encore de l’énergie, mais c’est mieux que de puiser encore dans les ressources du sous-sol, qui ne nous appartiennent pas.
Toute la génération post-soixante-huitarde, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, a été conditionnée à l’inverse.
« Il y a suffisamment dans la nature pour les besoins de chacun mais pas pour la cupidité de tous. »
« Vivre simplement pour que d’autres, simplement, puissent vivre. » Mahatma Gandhi (1869-1948).
Notons toutefois qu’à l’époque de Gandhi, la terre comptait trois fois moins d’habitants (2 milliards en 1930) et que les produits consommés étaient moins polluants.
Des nantis moins obèses et moins pollueurs dans une société tendant vers la croissance zéro, c’est ce que proposait le rapport du M.I.T commandé par les sages du Club de Rome, et paru en France en 1972 sous le titre Halte à la croissance. Des sages traités de fous, à l’époque.
Mais aujourd’hui il est bien tard, et pour certains, c'est même dans la décroissance qu'il faut s'engager.
« Celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou, ou un économiste. » Kenneth Boulding, cité dans Objectif décroissance, éditions Parangon.
Tous les hommes de pouvoir, affirment comme si c’était une évidence, que seule la croissance peut résoudre les problèmes que le productivisme a lui-même engendrés : inégalité, paupérisation et pollution. Le productivisme est une maladie du libéralisme comme du socialisme ; le symbole en est la disparition de la mer d’Aral par la culture intensive du coton comme la déforestation de l’Amazonie pour la culture du soja. Un système qui concentre les profits d’un côté, le chômage et la misère de l’autre. Un système qui a créé une structure sociale d’où personne ne peut s’échapper, où chacun se trouve enfermé… Par exemple chacun sait qu’il est urgent de ralentir la production de CO² pour ne pas augmenter l’effet de serre, mais il est impossible aux automobilistes de se passer de leur voiture, puisque tout a été fait depuis cinquante ans pour mettre les logements loin des lieux de travail et des centres commerciaux…
Vivre sans voiture devient impossible. Tous ceux qui ne peuvent plus conduire, comme les personnes âgées, ceux à qui on a enlevé le permis pour quelques peccadilles, ou ceux qui ne l’ont pas encore, sont relégués dans le camp des exclus.
« En terme d’empreinte écologique, un Nord-Américain ou un Français valent combien d’Africains ? L’État américain le moins densément peuplé qu’est le Wyoming (510.000 habitants) émet plus de CO² que 69 pays en développement réunis et totalisant 357 millions de personnes. » Michel Tarrier, Faire des enfants tue.
Pour que notre espèce parmi bien d’autres, puisse survive il faudrait arrêter instantanément toute production qui pollue. Par exemple, il aurait fallu limiter, déjà depuis trente ans, la fabrication de tout moyen de transport qui rejette du CO², aux services publics incontournables (ambulances, pompiers, police, transports en commun). Aujourd’hui, aucun gouvernement n'est capable d'imposer une telle mesure de sagesse, qui d'ailleurs serait réduite à néant si les gouvernements des autres pays ne faisaient pas de même. Une mesure de sagesse, qui engendrerait aussitôt des centaines de millions de chômeurs dans le monde et donc des émeutes, surtout dans les pays industrialisés. Une telle mesure nécessite un partage du travail, avec une baisse de la durée du travail et du revenu. La pénurie du pétrole et l’accroissement de son prix, vont de toute façon, générer une relocalisation de l’agriculture, de l’artisanat et de petites entreprises, qui sont de gros employeurs.
« La baisse de l’utilisation de l’énergie fossile entraînerait un accroissement important de la masse de travail pour les pays occidentaux, m
ême en tenant compte d’une baisse considérable de la consommation ; la main d’œuvre bon marché des pays du tiers-monde ne nous serait plus accessible. Nous devrions alors avoir recours à notre énergie musculaire. » Objectif décroissance, éditions Parangon.
La seule question, alors, est de savoir si les gens sont capables de changer de mentalité et de se retrousser les manches.
Mais comment allons-nous joindre les deux bouts ? diront certains.
Sachons que les produits nécessaires à l’alimentation de base ne représentent même pas 15% du revenu moyen en France. Nous pouvons bien revenir à l’essentiel et nous passer de fabriquer et de consommer tant d’objets inutiles avec leurs emballages qui nous submergent.
Au printemps 2007, la dernière « Play-station », la « PS3 », a été mise en vente en France à 599 euros. L’importateur comptait sur au moins cent mille clients !
Mais qui devra dresser la liste de ces produits superflus, et sur quels critères ? Ceux qui en tirent de très juteux profits se soucient peu du sort de l'humanité et ils emploieraient évidemment leur immense pouvoir sur les médias pour qu'une telle révolution n'ait pas lieu. Il n'est donc pas besoin d'être devin pour prévoir que rien ne peut plus arrêter la TYRANNIQUE Machine Marchandise et que, même la conscience nette du mur vers lequel on va s'écraser, ne peut nous faire lever le pied.
À droite comme à gauche c’est la même idéologie de l’espoir qui permet surtout d’attendre demain pour s’attaquer aux problèmes, jusqu’à ce qu’on en crève tous. Comme il est dit au début de cet essai : « Si le sage pense à la prochaine génération, l’homme politique ne se préoccupe que de la prochaine élection… »
Les politiques se raccrochent à n’importe quel gadget pour rassurer le bon peuple, de peur que, brusquement conscient de la réalité, il ne casse tout. C’est ainsi que le ministre de l’Économie, dans le journal Aujourd’hui en France du 23 mai 2006, s’échine à dorer la pilule des électeurs avec les sacro-saints biocarburants. Ne te fais pas de souci, populace stupide, tu ne manqueras pas de ta drogue favorite et tu pourras encore polluer l’air de tes enfants avec ta voiture diabolique !
« Qu’appelle-t-on biocarburant ? Il s’agit de combustibles utilisables dans les moteurs à explosion, mais issus de la transformation des sucres ou des huiles d’origine végétale. Deux types de carburant dérivent de ces deux sources : les sucres ou amidons(canne à sucre, betterave, blé) transformés en alcool (éthanol) sont destinés aux moteurs à essence et les huiles (colza, tournesol, palme) sont dédiées aux moteurs diesels (bio-diésel) ». Biocarburants : une fausse bonne idée ? Le Monde du 9 juin 2006.
Ne te fais pas de souci, populace stupide, tu ne manqueras pas de ta drogue favorite et tu pourras encore polluer l’air de tes enfants avec ta voiture diabolique !
Les biocarburants, éthanol et autre flexfuel, sont peut-être deux fois moins polluants ( 60% en moins pour le biodiesel, 70% pour l’éthanol), mais pour la même efficacité, il faut en consommer 30% de plus et comme dans dix ans il y aura trois fois plus de véhicules en circulation dans le monde, rien ne sera donc changé.
Ceux qui disent que l’éthanol pourra remplacer le pétrole sont des menteurs conscients, puisqu’ils savent très bien qu’il faut un hectare pour fabriquer une tonne de biocarburant.
Pour alimenter en carburant l’ensemble des automobiles françaises, il
faudrait chaque année 48 millions de tonnes d’éthanol, c’est à dire cultiver 48 millions d’hectares de terres arables en France, qui pour l’instant, n’en compte que 16 millions ! D’autre part, pour produire 1,3 litre d’éthanol, il faut aujourd’hui, du gasoil, des engrais chimiques et des pesticides. Et les engrais pour faire pousser du colza, de la canne à sucre ou des betteraves « peuvent libérer de l’oxyde d’azote trois cents fois plus nocif que le gaz carbonique. » Le Monde du 9 juin 2006.
À noter donc, l’hypocrisie qu’il y a à employer le terme mensonger de biocarburant, puisque ce combustible n’a strictement rien de bio, et qu’il s’agit d’agrocarburant.
Dans le domaine des agrocarburants, le Brésil est montré en exemple dans les médias. Mais pas un bémol bien sûr. Il faut ouvrir le journal Casseurs de pub (La Décroissance), pour savoir que :
« … des milliers d’hectares de terres [sont] monopolisées pour la canne à sucre. Les immenses fazendas des riches propriétaires expulsent les petits paysans qui vivaient de culture vivrière… des centaines de milliers de familles sont tombées ainsi dans la misère, perdant leur source de revenus… »
Et pour François Couplan, dans La nature nous sauvera :
« … L’ignorance collective actuelle sur la façon dont se nourrissaient nos ancêtres est telle que, souvent, les humains qui meurent de faim le font au milieu d’un garde-manger naturel ».
« L’homme s’est nourri de plantes sauvages depuis qu’il est sur terre, ce qui fait plus de deux millions d’années. Leur oubli est très récent par rapport à l’âge de l’humanité. C’est dommage, car elles possèdent de remarquables vertus gustatives, nutritionnelles et médicinales… »
François Couplan, La nature nous sauvera.
Dans Le Monde du 25 avril 2007, à propos du Marché de la faim d’Erwin Wagenhofer :
« Le Brésil est l’un des plus puissants pays agricoles du monde. On y produit plus de cent millions de tonnes de céréales par an. Mais la majeure partie de ces cultures est destinée à la nourriture du cheptel des pays européens. La forêt amazonienne est progressivement rasée (l’équivalent de la surface de la France et du Portugal, depuis 1975) afin d’étendre les champs de soja, dont ne profitera pas une population qui souffre de malnutrition chronique ».
Et que dire de la forêt primaire indonésienne, qui a perdu en même pas un demi-siècle, les trois quart de ses cent millions d’hectares. L’Etat cède des concessions à des forestiers qui prélèvent les essences rares pour les exporter. Le reste est dirigé vers les industries de la pâte à papier et du contreplaqué. Enfin, quand la forêt est devenue une immense friche, elle est exploitée par l’industrie de l’huile de palme pour produire surtout du carburant. (Sciences et Avenir février 2009).
Avant la deuxième guerre mondiale, les vaches et les bœufs paissaient dans des près de luzerne, et l’hiver, mangeaient du foin de luzerne, parce que c’était parmi les végétaux, l’herbe la plus riche en protéine. Maintenant que l’on voit les dégâts que fait la culture du soja sur l’environnement, l’on veut revenir à la luzerne ! Ce qui a fait que des pays se sont spécialisés dans la culture du soja, ce n’est pas le progrès, c’est la course au profit, avec le conditionnant les agriculteurs par les lobbies et la corruption des politiques.
« Les agriculteurs se rendent eux-mêmes otages et complices sans le savoir, en continuant d’utiliser les tourteaux de soja produits outre-Atlantique. Ceux-ci constituent les trois quarts de l’alimentation du bétail en Europe, soit l’équivalent de dix millions d’hectares que nous pourrions cultiver avec nos plantes protéagineuses : fèveroles, pois, lupins, luzerne, trèfles… et soja européen !
Il faut savoir que l’objet principal sur lequel se fonde l’emprise multinationale du soja est la production d’huile ( le tourteau n’est qu’un résidu hautement valorisé). Cette huile est précisément celle qui compose les principaux substituts : margarines, beurres végétaux, huiles, etc. qui rentrent directement en concurrence avec les montagnes de lait et de beurre communautaires invendables, que justement produisent nos animaux dopés au tourteau de soja importé…
La boucle est bouclée et le paysan ignorant reste le principal artisan de son malheur ! » Philippe Bebrosse (expert auprès de la CEE), colloque sur L’avenir du Monde Rural 1992.
Les gens ont tellement besoin de croire que la science leur permettra de persévérer dans leur addiction à la consommation, qu’ils sont prêts à gober n’importe quoi. Certes le moteur à hydrogène existe, mais il faut de l’énergie pour fabriquer cette hydrogène et le bilan énergétique est négatif. Ou alors il faudra accepter une multiplication démente des centrales nucléaires, pour remplacer le pétrole par l’hydrogène.
Quant au moteur à eau (dit pantone), « il s’agit d’ajouter un peu de vapeur d’eau dans un moteur à combustion classique afin d’en améliorer le rendement. Cet ajout d’eau ne peut être que très marginal. Le système fonctionne sur des gros moteurs fixes (comme un groupe électrogène) car l’injection d’eau alourdie les véhicules (réservoir d’eau, pompe, etc.). » Raoul Anvélaut, Casseurs de pub(La Décroissance) n° 26.
Régulièrement, par cycles, les étudiants se retrouvent dans la rue pour de grands happenings, afin de réclamer plus de profs, plus de locaux, et plus récemment, du travail non précaire, bien payé, dans le secteur qu’ils préfèrent, en l’occurrence la fonction publique. Ils ont certes bien raison de ne pas se défendre contre une société de plus en plus invivable.
Il s’agit pourtant d’agitation bien dérisoire alors que se profile à l’horizon une crise planétaire qui va, de toute façon, balayer avec force et violence tous les prétendus droits acquis et autres privilèges de la classe que forment aujourd’hui tous les habitants des pays développés, par rapport au reste du monde, qui reste la seule classe exploitée, spoliée, anéantie par la Mondialisation de la Finance.
« La contestation contemporaine est prisonnière de l’idéologie du progrès, et plus concrètement du système industriel et marchand dans lequel nous sommes nés et que nous avons tendance à conforter, même à travers nos luttes. »
M. Amoiech et J. Mattern, Le cauchemar de Don Quichotte.
« Ce qui me terrifie le plus, ce n’est pas seulement cette guerre économique odieuse, mais cette espèce de clonage des esprits que nous pouvons observer, cette capacité à standardiser l’être humain et à le conformer à l’esprit pervers de la société marchande. Celle-ci a salarié les gens, concentré beaucoup de monde dans les villes, et finalement a engendré une espèce de culture hors-sol appliquée à l’être humain… et ceci se traduit par une déconnexion de plus en plus forte à l’égard de la nature. » Pierre Rabhi.
Chacun d’entre nous, consomme en moyenne plus d’une tonne de pétrole par an alors qu’il nous faut si peu pour notre nourriture ; heureusement que cette aberration va devoir cesser par la force de la pénurie, dans dix ou vingt ans.
Rappelons qu’un litre de pétrole qui est brûlé en 10 minutes dans une voiture, correspond à 24 tonnes de végétaux enfouis dans le sol pendant un million d’années. A noter que si on prend le niveau 1 pour la consommation
d’énergie en 1900, nous en somme aujourd’hui à 25. Et que 40% du fret mondial est constitué de produits pétroliers.
Avec un pétrole de plus en plus rare et de plus en plus cher, c’est un monde à la « Mad Max » qui se dessine sous les yeux de ceux qui ne sont pas aveuglés par les discours hypnotiseurs des médias.
« Road movie ultime… vision fascinante de l’effondrement post-industriel… avec ses bandes de sauvages motorisés, privés de langage, de pensée, d’espoir ou de rêves, s’adonnant exclusivement aux réalités brutales de la vitesse et de la violence. » J. G. Ballard, Millénaire mode d’emploi.
Il va falloir bientôt retrousser les manches, revenir à la traction animale et à l’artisanat de proximité, et ce sera bien pour tout le monde dans la mesure où cela pourra ralentir la pollution.
Mais c’est bien sûr utopique parce que, malgré tous nos bons sentiments humanitaires, nous allons continuer à nous croiser les bras et à coloniser encore un peu plus les pays pauvres et à les polluer, en accaparant leurs terres vivrières, en détruisant leurs forêts pour produire de l’agrocarburant. Répétons sans cesse, que plutôt que de continuer à épuiser la terre, à s’accaparer des maigres ressources qu’elle contient encore, c’est dès aujourd’hui qu’il faut s’abstenir de jeter ce qui est encore utilisable, et bien sûr, recycler sans exception, tous les produits récupérables que nous jetons.
Quitte à ce que les nouvelles marchandises se paient plus cher. Mais aucun pouvoir politique n’est capable d’imposer un tel changement dans les mentalités des pays riches. L’incitation à l’individualisme des consommateurs a été telle, qu’il est impossible d’attendre quoi que ce soit de leur sens des responsabilités, depuis longtemps perdu.
Et l’individualisme allant de pair avec le sentimentalisme, se crée une morale de l’émotion, sans fondement rationnel, instrument d’endoctrinement privilégié des médias modernes, pour pousser toujours plus à la consommation.
Les consommateurs n’ont pas conscience que la quasi totalité des produits qu’ils consomment incorporent du pétrole ou des métaux rares, et que leur mode de vie va s’effondrer avec leur pénurie. Or aucune politique, aucun mouvement important d’opinion, ne propose des stratégies de transition permettant d’éviter les futures explosions de violence. Le réveil n’en sera que plus dur, il sera mortel pour un grand nombre.
C’est une véritable guerre économique qu’il faudrait livrer. Malheureusement seul un dictateur appuyé par l’armée pourrait l’entreprendre, mais évidemment avec tous les abus de pouvoir qui en découleraient.
Par conséquent, le refus de la décroissance ne peut amener à plus ou moins brève échéance que l’avènement de la barbarie… Les conséquences étant évidemment dramatiques alors, pour l’humanité tout entière.
« La question n’est pas de savoir si décroissance il y aura, mais de savoir si celle-ci se déroulera dans le totalitarisme et la barbarie ou si celle-ci sera voulue et maîtrisée, dans un cadre humaniste et démocratique. » Vincent Cheynet, Objectif décroissance.
Les méfaits du progrès incitent d’ailleurs des penseurs comme Paul Ricœur, pourtant bien éloigné de la décroissance, à la rejoindre aujourd’hui :
« Le fait nouveau est que l’homme est maintenant devenu dangereux pour l’homme ; il est devenu dangereux pour lui-même en mettant en danger la vie qui le porte et la nature à l’abri de laquelle il découpait jadis l’enclos de ses cités… la maxime principale de la morale devient l’exercice de la mesure, de la retenue, voire de l’abstention d’agir. » Postface au Temps de la responsabilité de Frédéric Lenoir.
Comme nous l’a montré Hans Jonas, c’est la première fois que l’homme, dans son histoire, a un rôle démiurgique. Il dispose de sciences et de techniques qui lui confèrent un pouvoir surhumain, qu’il n’est pas en mesure de contrôler, de maîtriser. Élaborer une nouvelle éthique adaptée à ces
nouvelles questions prendrait du temps et encore plus de temps pour s’imposer à tous. Il est donc déjà trop tard. Nous serons encore plus demain qu’aujourd’hui, victimes de nos inventions et de la surpopulation.
N’oublions pas que les paléontologues auraient remarqué que toutes les espèces appelées à disparaître passent d’abord par une phase de prolifération comme un dernier soubresaut avant leur extinction.
« [La crise démographique débute] avec l’âge de bronze, bien avant l’époque moderne et sa « bombe P » (la surpopulation), sitôt que la femme détrônée ne contrôle plus la procréation tombée au pouvoir du mâle qui surexploite le sol et surféconde les ventres au nom du « croissez et multipliez » de la première religion sans déesse. » P 56.
Françoise d’Eaubonne, Les femmes avant le patriarcat.
F. d’Eaubonne cite le Professeur Lacépède (P 109), qui relate qu’en Kabylie et dans d’autres régions d’Afrique les femmes cultivent des plantes contraceptives dont elles ne savent plus exactement le but en raison de l’instauration du coranisme phallocratique, mais qu’elles continuent à consommer sur le conseil de leurs mères, aïeules et trisaïeules qui contrôlaient naguère la démographie grâce à cette botanique qui a survécu au grand renversement.
Comme précisé au début de ce chapitre, si l’homme avait été sage, il aurait limité sa propagation au stade où il en était arrivé au début de la révolution industrielle : environ un milliard d’individus, c’était bien suffisant pour laisser la terre
vivre aussi*.
*Nombre d’habitants estimé sur la Terre en :
1 : 300 millions
1000 : 322 millions
1650 : 470 millions
1850 : 1 milliard
1900 : 1,5 milliard
1950 : 2,5 milliards
2000 : 6,5 milliards
2010 : 7 milliards
Comme précisé au début de ce chapitre, si l’homme avait été sage, il aurait limité sa propagation au stade où il en était arrivé au début de la révolution industrielle : environ un milliard d’individus, c’était bien suffisant pour laisser la terre vivre aussi.
« Le célèbre commandant Cousteau préconisait, en vue de sauver la planète, un nombre optimal de 800 millions d’êtres humains… » Théophile de Giraud dans Manifeste anti-nataliste.
C’est le chiffre que des chercheurs avancent pour une humanité qui n’utiliserait que les sources d’énergies renouvelables.
« La Terre peut nourrir 30 milliards d’individus s’ils devaient vivre comme les habitants du Bangladesh, et seulement 700 millions s’ils devaient tous vivre comme des Européens ». Le Quid 2001.
« Une étude des Nations unies [en 1970 !] pose la question suivante : "Étant donné la capacité agricole et industrielle mondiale, le développement technologique et l’exploitation des ressources, combien de personnes pourrait-on faire vivre sur Terre avec le niveau de vie actuel de l’Américain moyen ? La réponse est : cinq cents millions tout juste". » Arne Næss, Écologie, communauté et style de vie (page 210).
Mais aujourd’hui, cette pauvre planète supportera bientôt le dixième de tous les hommes qui y sont nés (cent milliards d’individus au total), une situation aussi unique que catastrophique !
À titre d’exemple, en 1950, dix-huit millions de tonnes de poissons étaient pêchées dans le monde ; en 2000 c’était cent millions de tonnes. Sans compter bien sûr le poisson d’élevage, au sujet duquel il est bon de rappeler que pour faire un kilo de poisson, il faut quatre kilos de farine… de poisson en provenance du Chili et du Pérou, ainsi que du soja en provenance du Brésil, d’où transport, consommation de pétrole et pollution.
Sans pétrole, dix mille centrales nucléaires ne suffiraient pas à satisfaire nos besoins actuels ; et elles ne pourraient pas de toute façon, faire s’envoler les avions !
Michel Tarrier relève que si un Bœuf procure 200 kg de viande, soit 1500 repas, les céréales, cultivées, et qu’on lui a donné à manger, correspondent à 18000 repas. En fait, le bétail des pays riches mange autant de céréales que les Indiens et les Chinois réunis. Pour faire un kilo de viande de bœuf il faut aussi entre 30.000 et 60.000 litres d’eau, mais seulement 800 litres pour produire un kilo de blé.
En 1960 il y avait plus qu’un million de singes en Afrique, aujourd’hui même pas cent mille. Au Congo, les bonobos, représentent l’espèce animale la plus pacifique qui soit, une espèce qui mériterait beaucoup mieux que l’homme, d’être qualifiée de sapiens sapiens. Ils sont en voie de disparition. Ils sont massacrés par les contrebandiers, mais aussi, pour se nourrir, par tous les soi-disant révolutionnaires dont les chefs veulent, comme partout en
Afrique, prendre la place du président, la place du potentat qui touche sa dîme sur toutes les « exploitations » des multinationales.
« À Sumatra, le contingent résiduel [d’orangs-outangs], est de 6000 sujets. Les forêts humides qu’il habite sont abattues à une cadence effarante et d’autant plus galopante que l’huile de palme sert maintenant à l’élaboration du satané biodiesel, produit écologique plus destructeurs que n’importe quel autre.
À Sumatra et Bornéo, ce sont quatre millions d’hectares forestiers qui ont été convertis en fermes de palme. Six millions d’hectares supplémentaires sont programmés (16,5 millions pour toute l’Indonésie). Sur l’autel de nos bagnoles, l’orang-outang sauvage est irrévocablement offert à l’extinction. » Michel Tarrier, Faire des enfants tue.
« La stabilisation et la réduction de la population humaine prendront du temps […] La complaisance actuelle ne doit en rien être excusée. Il faut dès à présent prendre en compte la gravité de la situation. Mais plus nous attendrons, plus les mesures nécessaires devront être drastiques. D’ici à ce que des changements profonds soient mis en place, il faut s’attendre à une baisse substantielle de la diversité ; le taux d’extinction des espèces risque d’être plus important qu’à toute autre période de l’histoire de la Terre. »
« Pour faire baisser le taux actuel d’extinctions sur la planète, il est nécessaire d’ouvrir des réserves naturelles beaucoup plus grandes et de diminuer significativement l’étendue de l’habitat humain.»
Arne Næss, Écologie, communauté et style de vie (1976).
L’humanité n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de la vie, a écrit Rachel Carson.
Quand l’homo sapiens comprendra-t-il, que ne pouvant vivre sans la biodiversité de son milieu, il n’a aucune priorité sur le reste du monde vivant ?
Pour être encore un humaniste à notre époque il faut vraiment être un imbécile, un fieffé hypocrite ou un magnat du pétrole, du bois précieux ou autre matière première à forte plus-value.
Les peuples des pays pauvres sont d’abord victimes de leurs dirigeants, corrompus, sanguinaires, placés là ou autorisés à prendre le pouvoir, par la Finance mondiale.
Et ce sont des hommes, des mâles, bien sûr ; aucune femme n’accepterait de se vendre ainsi pour faire le malheur de son peuple. Et si ces sociétés arrivent encore à survivre, c’est justement grâce au seul travail des femmes.
L’on masque par le discours humaniste la destruction des sociétés paysannes en Afrique.
« Au Nigeria, après trois décennies de production [de pétrole], la fraction de la population dans une très grande pauvreté a plus que doublé pour atteindre aujourd’hui 66% [en 2004]. Les recettes se sont volatilisées des caisses de l’Etat pour se retrouver dans la poche des dirigeants. Et les sommes sont impressionnantes ». National Géographic, La fin du pétrole bon marché. Juin 2004.
« L’argent détourné vers les paradis fiscaux en provenance des Etats dits "en développement" est estimée à 800 milliards d’euros par an. C’est dix fois la valeur des fonds qu’ils reçoivent chaque année en aide internationale : Or pour moitié, les paradis fiscaux se trouvent en Europe. » Revue Silence n°368.
La Finance mondiale protège ces cheffaillons par le biais des armées et des services du renseignement des pays prétendument démocratiques mais essentiellement super-consommateurs. L’honnête homme ne peut survivre sur cette planète, seul le naïf peut encore espérer en des jours meilleurs, parce qu’il ignore la psychologie profonde de l’être humain.
Les adversaires des « objecteurs de croissance » les attaquent avec des arguments outranciers comme : « Vous voulez retourner à l’âge de pierre ». Quelle réaction stupide !
Quelle prétention dans l’ignorance ! Qui sont-ils, ces matérialistes, endoctrinés, enculturés, conditionnés par l’idéologie patriarcale, pour mépriser leurs ancêtres animistes, respectueux de l’esprit de la nature ? Oui, messieurs, vous allez devoir reprendre la bêche et la pioche, et pelleter des tonnes de bouses de vache ; ça va vous changer ; de larve de bureau, vous allez enfin redevenir des humains, redécouvrir que la terre est basse et nourricière ! Mais les « objecteurs de croissance » se défendent de vouloir revenir à l’« âge de pierre », avec autant d’acharnement que de maladresse.
La seule réponse face à tant de prétention, doit être celle d’un Diogène le cynique, proférant l’insulte ironique et l’imprécation. Le retour à l’époque des cavernes est proche, après les famines et les guerres provoquées par la fin du pétrole, puisque nous sommes incapables de revenir, à cause de notre addiction à la surconsommation, ne serait-ce que cinquante ans en arrière !
À ce propos, dans L’Économie barbare, Philippe Saint-Marc écrivait en 1994 :
« Imaginons demain, une France où il n’y ait plus que deux cent mille chômeurs, où la criminalité soit réduite des quatre cinquièmes, les hospitalisations pour troubles psychiatriques des deux tiers, les suicides des jeunes diminuent de moitié, la drogue disparaisse : n’aurions-nous pas l’impression d’une merveilleuse embellie humaine ? […] C’était cependant la France des années soixante. »
Mais lorsque l’on a foi dans le « Progrès », l’on ne peut percevoir l’évidence, et l’on continue à foncer dans le mur.
Comment ce prétendu homo sapiens peut-il accepter de vivre dans ces mégalopoles, au sein d’une telle concentration de béton, après avoir abattu et rasé tant d’arbres et de plantes, en les remplaçant par des millions de véhicules qui crachent de l’oxyde de carbone ? Aucun animal ne supporterait ça !
« Le marquis de Sade, parmi d’autres pressentiments scientifiques extraordinaires, avait prédit que les meurtres et l’instinct de torture de ses sinistres héros se répandraient dans les âges futur à mesure de la concentration urbaine (il disait "du nombre d’habitants des grandes villes"). » Françoise d’Eaubonne, Le Féminisme ou la mort. P 88
Françoise d’Eaubonne relève qu’un chercheur entassa des rats dotés de tout le « bien être », et s’aperçu que leur comportement changeait avec leur concentration : les femelles détruisaient leur nids et refusaient l’accouplement. Un autre releva que les conséquences de l’entassement urbain est d’abord la dépression nerveuse, le suicide, la délinquance juvénile et l’alcoolisme. Depuis la drogue s’y est ajoutée.
« Partout où la population s’accumule, inexorablement l’air s’épaissit d’arômes, l’eau se charge de débris. La ville grandit ; celle-ci atteint maintenant cent mille âmes, mais comme ces âmes ont un corps, on pourrait dire aussi cent mille intestins, cent mile poubelles à vider chaque jour. Et nous sommes propres, il nous faut de l’eau – chimiquement pure. Et tout ce que nous extrayons, nous le jetons dans l’eau ? La rançon du robinet c’est l’égout – et celui-ci ne vient qu’ensuite. Sans cesse nous nous lavons, sans cesse nos automates gavés de détergents briquent et récurent, puis ils vomissent leur crasse… » Bernard Charbonneau, Le jardin de Babylone.
« Les agglomérations urbaines se disposent en grande partie autour d’immenses centres industriels […] Entre Washington et Boston il n’y a en fait qu’un seul paysage urbain de 40 millions d’habitants […] Tous ces gens veulent avant tout manger, et comme ils ne produisent pas de nourriture eux-mêmes, il leur faut un immense arrière-pays agricole, dont la superficie ne cesse pourtant de diminuer par l’effet même de l’urbanisation. En conséquence, la pression en faveur de formes industrielles de l’agriculture augmente de plus en plus avec, pour résultat, l’élevage en bataillon et l’utilisation accrue de fertilisants et de pesticides afin d’optimiser le rendement. Puisque le rendement optimal - avec des salaires aussi bas que possible en vue d’une rentabilité élevée et de la compétitivité sur le marché international - constitue le seul but de tous les efforts, l’agriculture se développe, d’un point de vue écologique, vers une économie de la catastrophe ». Eugen Drewermann, Le progrès meurtrier, page 18.
En fait la concentration urbaine relève de l’idéologie dominante, elle facilite la concentration du pouvoir, la propagande et la fabrication de l’opinion publique. Elle pousse à la consommation en quantité et non plus en qualité. Elle favorise la compétition entre les individus. Elle réclame de plus en plus de moyens de sécurité. Elle est le produit inéluctable du « technoscientisme, le totalitarisme contemporain » (Marc Atteia).
« La ville est une immense erreurs » Slava Polunin (Vyacheslav Ivanovich 1950), clown russe.
Aujourd’hui nos concitoyens qui ont du mal à respirer dans leurs mégalopoles délirantes, où ils ne savent plus que faire de leurs déchets nocifs, même contre des millions de dollars, se montrent un tout petit peu moins prétentieux. Pourtant ils sont bien loin d’avoir encore tout compris et tout vu.
Il aurait fallu réviser les fondements de l’éthique il y a cinquante ans ; il est trop tard pour réguler une démographie qui pèse sur le propre bien-être des hommes. Seuls les cataclysmes naturels, les guerres, les épidémies provoqueront comme à l’accoutumée, le retour à l’équilibre.
L’avenir sans pétrole et sans nucléaire, c’est une société avec au moins 80% de la population dans les champs ; et sans les engrais et les pesticides, donc en revenant à la jachère. Dans ces conditions, il n’y a pas suffisamment de champs, même aujourd’hui, pour 5 milliards de paysans.
Nicholas Georgescu-Roegen nous rappelle que seul le rayonnement solaire est inépuisable (encore pour quelques milliards d’années) et gratuit. Le charbon et le pétrole représentent un stock, nous sommes libres de l’utiliser intégralement, jusqu’à l’épuisement, ou de le gérer sur plusieurs
siècles, afin que les générations suivantes puissent en bénéficier également. En revanche, le rayonnement solaire est un flux ; « quoi qu’elle puisse faire, une génération ne peut empiéter sur la part de rayonnement solaire d’une quelconque génération à venir ». C’est ainsi que la puissance mécanique du bœuf, du buffle ou du cheval vient du rayonnement solaire capté par la photosynthèse chlorophyllienne. En revanche le tracteur est fabriqué et actionné après un prélèvement sur les ressources naturelles épuisables.
« Et il en va de même en ce qui concerne le remplacement du fumier par les engrais artificiels…
« La mécanisation de l’agriculture présente le risque de piéger l’espèce humaine dans un cul-de-sac en raison de l’extinction possible de certaines espèces biologiques associées à l’agriculture organique. » Nicholas Georgescu-Roegen.
« Pour des raisons économique, on commence par réduire fortement la variété des cultures, ce qui épuise rapidement les sols et rend nécessaire davantage d’engrais chimiques ; cela conduit alors à l’appauvrissement de la flore et de la faune terrestre avec leurs cycles métaboliques vitaux ; par conséquent, la vulnérabilité des plantes et la prolifération d’insectes nuisibles augmentent, ce qui entraîne l’utilisation accrue d’insecticides qui dégradent les sols, tout en empêchant de plus en plus leur minéralisation naturelle ; s’il est possible de contrebalancer pour un temps ce processus à grand renfort d’engrais artificiels et de pesticide, les couches d’humus des sols n’en seront pas moins détruite et les terres livrées à l’érosion ; il faudra donc défricher de nouvelles régions et le cercle vicieux que forment la monoculture, l’exploitation intensive, l’appauvrissement de la flore et de la faune terrestres, l’irruption massive d’insectes, etc., pourra reprendre ». Eugen Drewermann, Le progrès meurtrier, page 19.
Continuer à utiliser les mêmes moyens, c’est faire comme si l’espèce humaine devait disparaître bientôt, avec les ressources naturelles qu’elle aura épuisées.
« Chaque fois que nous produisons une voiture, nous détruisons irrévocablement une quantité de basse entropie [ressource naturelle] qui, autrement, pourrait être utilisée pour fabriquer une charrue ou une bêche. Autrement dit , à chaque fois que nous produisons une voiture, nous le faisons au prix d’une baisse du nombre de vies humaines à venir. » Nicholas Georgescu-Roegen.
Mais l’exemple le plus navrant de l’inconscience de l’homme, s’exprime surtout face au danger du nucléaire. Comme disait Günther Anders, depuis Hiroshima, nous sommes « davantage mortels ».
Chacun est conscient que les avancées du progrès nous rapprochent du pire des cataclysmes, mais chacun s’en trouve pétrifié, incapable de réagir à quelque chose qui semble le dépasser et pourtant qu’il cautionne dans sa vie de tous les jours. Comme s’il ne pouvait se passer de ces conforts, acquis au prix exorbitant du nucléaire et du saccage des énergies non renouvelables, et qui pourtant minent si subtilement son avenir et celui de sa progéniture.
« [Dans Docteur Folamour], en nous enrôlant aux côtés de nos craintes les plus noires, Kubrick révèle toute la sinistre fascination et toute la logique inconsciente de la mort technologique » J. G. Ballard, Millénaire mode d’emploi.
L’errare humanum est, est à l’évidence, aussi pertinent aujourd’hui qu’il y a vingt siècles, mais l’homme si peut raisonnable, pour satisfaire des besoins pas vraiment nécessaires, n’hésite pas à construire partout et de plus en plus de centrales nucléaires !
Attachés comme ils le sont à leur confort, les Occidentaux sont, pour la plupart, anti-nucléaires en parole, mais très peu en acte ; il suffit de les regarder vivre, incapables de se passer
de la « fée Électricité ».
Le nucléaire est bien sûr le plus grand danger de la planète ; des « Three Mile Island » et autres « Tchernobyl » chinois, européens ou américains, nous en connaîtrons certainement ; les écologistes ont raison, tout le monde en est persuadé.
« Vingt ans après l’explosion du bloc 4 de la centrale de Tchernobyl, le 26 avril 1986, le secret règne encore sur cette réalité alarmante qui interdit tout démontage de cette "bombe" écologique : les fissures et les mouvements de la carapace instable laissent passer la radioactivité résiduelle qu’émet la masse d’uranium fondu, qui n’a pas encore refroidi. Les travaux en cours ne parviennent pas à colmater les fuites…
À ces fuites s’ajoute le risque d’effondrement du sarcophage… Voilà pourquoi il a été décidé de construire un autre sarcophage… L’impressionnant ouvrage, qui adossera 20.000 tonnes de ferraille sur 23.000 tonnes de béton, est conçu pour durer au minimum une centaine d’années… » JDD du 23 avril 2006.
Mais plus le pétrole viendra à manquer, plus nous nous voilerons la face pour faire semblant de ne pas voir. Et c’est si facile puisque cette mort est invisible ; quand elle est là, c’est déjà trop tard.
On commence déjà à nous dire que toutes les solutions qu’on nous avait présentées pour remplacer le pétrole qui se fait de plus en plus rare et qui sera de plus en plus cher, sont en effet dérisoires, comme le proféraient depuis longtemps les prophètes de malheurs. Il n’y a plus que le nucléaire pour nous sauver. Demain le nucléaire sera le nouveau dieu sauveur de la déesse Consommation. La Norvège, bien dotée en pétrole et en gaz, pays profondément écologiste et traumatisé par Tchernobyl, a pourtant lancé la construction du premier EPR (European pressurised water reactor), opérationnel dès 2012.
Le Royaume-Uni, la Pologne, la Slovaquie, la Bulgarie et la Chine sont prêts à prendre la suite. Même des figures de proue de la défense de l’environnement se déclarent aujourd’hui favorables au nucléaire.
Demain le nucléaire aura résolu la plupart des problèmes énergétiques de la planète, et dix milliards d’imbéciles heureux pourront donc encore fabriquer, consommer et polluer toujours plus, réchauffer encore et encore la planète, et enrichir… toujours les mêmes.
Si l’électricité fournie par les énergies renouvelables s’accroît lentement en quantité, elle diminue en pourcentage, parce que la consommation s’accroît encore plus ! La consommation mondiale d’électricité a même doublé entre 1990 et 2005, en quinze ans.
L’Agence internationale de l’Énergie (AIE) prévoit un accroissement de la consommation d’énergie de 60%, entre 2002 et 2030. Dans ces conditions, il faut être un débile mental ou un menteur pour affirmer que les énergies dites renouvelables pourraient remplacer à la fois le nucléaire et le pétrole !
Les optimistes, ceux qui croient en la Divine Providence, ceux qui savent si bien agoniser sans perdre l’espoir du salut, attendent aussi patiemment que sérieusement, la fusion nucléaire comme le nouveau messie. L’ITR (International thermonuclear experimental reactor) permettrait la fusion des atomes d’hydrogène en hélium. Mettre le soleil en boîte, c’est le plus vieux rêve de l’homme, après l’immortalité. Le problème, c’est qu’on n’est pas près d’inventer la boîte qui pourrait résister à cent millions de degrés ! Comme Nicholas Georgescu-Roegen, Hans Jonas assène à ces apprentis sorciers, le veto thermodynamique :
« La chaleur additionnelle, qui est la conséquence ultime de la transformation humaine de toutes les formes d’énergie terrestre, est susceptible de bouleverser le délicat équilibre thermodynamique de la planète de deux façons. En premier lieu, les îlots de chaleur créés par les centrales thermiques non seulement perturbent, comme chacun le sait, la faune et la flore locales des rivières, des lacs et même du littoral marin, mais ils peuvent même altérer les équilibres climatiques. Une seule centrale nucléaire peut élever la température de l’eau d’une rivière comme l’Hudson de 4°… En second lieu, la chaleur globale additionnelle dégagée là où on "produit" de l’énergie et là où on la consomme pourrait augmenter la température de la Terre au point que les calottes glacières fondraient, événement aux conséquences catastrophiques. Puisque la "Loi de l’Entropie" n’offre aucune possibilité de refroidir une planète en réchauffement continuel, la pollution thermique pourrait se révéler pour la croissance un obstacle plus décisif encore que la finitude des ressources accessibles. » Nicholas Georgescu-Roegen, 1971.
« Bien que dépourvu de l’effet de serre, un emploi libéral de la fusion nucléaire entraînerait malgré tout un problème de réchauffement de l’environnement, qui impose une limite implacable aux rêves extravagants d’une humanité plusieurs fois démultipliée, qui vivrait dans l’exubérance technologique. Car toute utilisation d’énergie libère de la chaleur. C’est pourquoi l’étendue de cette utilisation à l’intérieur de l’espace terrestre n’est pas libre. »
« En présence d’une source infinie (ce que pourrait être la fusion nucléaire), le produit thermique de son utilisation devient partout sur le globe terrestre un facteur potentiellement critique : l’émission répétée de chaleur en direction de l’environnement à tous les stades de l’exploitation (mécanique, chimique, organique), y compris la chaleur animale des milliards de corps humains eux-mêmes et de leurs satellites animaux, et même encore la chaleur de fermentation
dégagée par leurs cadavres en décomposition… Toute cette chaleur des machines et cette chaleur organique doivent trouver une échappatoire, et seule s’y prête le milieu terrestre, non l’espace cosmique… L’énergie se dégrade en chaleur, et la chaleur se disperse, ce qui veut dire qu’elle s’équilibre avec le milieu autour d’une valeur moyenne. En cela la thermodynamique est intraitable. » Hans Jonas, Le Principe Responsabilité, pages 357 et 358.
En tout état de cause, pour le physicien Edouard Brézin, président de l’Académie des sciences,
« Il faut une singulière dose d’optimisme pour imaginer que l’utilisation industrielle de la fusion mettra moins de cinquante ans pour être disponible » Le Monde : Dossiers et documents, mars 2006.
Pour être crédibles, les véritables écologistes doivent dire et redire, que la préservation de notre environnement, c’est à dire notre survie, nécessite un renversement à 180° de toutes nos valeurs de consommateurs conditionnés et de notre mode de vie, quelles que puissent être les conséquences économiques et sociales qu’il faudra bien gérer. Ce n’est pas à l’intérieur du système qui nous a amené à cette situation catastrophique, que l’on pourra trouver une solution. Mais non ; les politiques de tous bords préfèrent se moquer des « objecteurs de croissance » et continuer à croire au père Noël.
Après-demain, l’inéluctable, parce que statistiquement le RISQUE ZERO n’existe nulle part, arrivera. C’est ce que nous savons tous.
Et après la grande apocalypse, nous pourrons enfin retrouver tous les potes, les sages du Club de Rome, Pierre Fournier de Charlie Hebdo, et bien sûr Gébé, celui qui, il y a 35 ans avait lancé l’idée de « l’an 01 » ; et aussi Théodore Mono !
« Malheureusement le IIIe millénaire ne sera pas très différent du précédent. Les gens continueront à aimer la guerre et la violence. Il n’y a pas beaucoup d’espoir de voir l’homme accéder à un stade supérieur… Pourtant, il est là pour ça ! La bonne direction c’est la non-violence et la paix, la fin des guerres, la fin des armements…
On a suffisamment gaspillé maintenant d’argent et de vies humaines pour qu’on arrive à des solutions plus raisonnables. Mais les hommes ne tiennent pas à être raisonnables, ils tiennent à s’amuser et surtout à gagner de l’argent. C’est pas comme ça qu’ils iront très loin. Ils disparaîtront peut-être. Ce ne serait pas une catastrophe. La nature existait avant l’homme, et elle peut très bien exister sans l’homme… » (Interview de Théodore Mono, réalisée devant les élèves du lycée de Blanzy qui porte son nom, et diffusée en partie sur France 3 Bourgogne le 27 novembre 1998.
« L’aventure des dinosauriens nous donne un bon exemple d’humilité. Ils étaient aussi orgueilleux que nous ; ils se croyaient aussi les rois de la création et ils ont dérouillé jusqu’au dernier ». Théodore Mono, Arte, 8/12/2007.
Les sages de l’Antiquité savaient que vouloir maîtriser la nature est une erreur. Diogène le cynique est l'anti-Prométhée. Il prêche un retour à l’état sauvage qui ne peut être pire que cette civilisation de perversion. Vivre n’est pas un mal, mais vivre dans une société organisée artificiellement, avec ses interdits, ses contraintes, ses scandales, ses corruptions, ses errements, c’est mal vivre, c’est vivre en dehors du seul ordre acceptable par un être vivant, l’ordre naturel, même avec ses dangers. Une intelligence moyenne peut éviter la plupart des dangers naturels, elle ne peut esquiver les multiples pièges de la vie moderne.
Pour satisfaire l’accroissement exponentiel de la population, nous avons trop usé et abusé des ressources de la planète et nous allons bientôt payer cher cette inconséquence. Les préjugés et des certitudes de deux siècles de conditionnements visant à inculquer la foi en l’homme, en sa raison et au progrès, ont seulement permis à une classe sociale de s’enrichir. À quoi servent tous les avantages du modernisme, si demain nos enfants devaient mourir comme des mouches, malgré les défenseurs des droits de l’homme, du développement durable et de la croissance, des notions totalement contradictoires ?
Ceux qui tirent les ficelles de ce Guignol’s band, iront sans aucune retenue, jusqu’au bout de leur cynisme, jusqu’à l’ultime exploitation des êtres et des choses. Ils ont toujours un lapin dans leur chapeau pour rassurer les benêts, et des fonds, aussi liquides qu’occultes et inavouables dans leurs caisses noires, pour acheter les médias, les syndicats, les partis, et pour armer les incessantes révolutions qui se trament partout où se découvrent quelques richesses à spolier.
Ces Maîtres invisibles, aussi dévastateurs et insaisissables que mille Attila, s’acharneront imperturbablement à faire leur beurre, en exploitant encore et toujours cette pauvre planète jusqu’à la rendre définitivement stérile.
Plus les conditions de vie seront difficiles, plus seront coûteuses les techniques permettant à l’homme de demain de survivre.
Si les nantis devront payer très cher ces dons de la nature, l’eau et l’air, jadis inépuisables et gratuits, les pauvres qui en seront privés, inéluctablement mourront par centaines de millions.
Et quand la Terre sera vidée de toute vie, il se trouvera encore quelques rapaces mégalomanes pour aller tirer, des entrailles de Mars ou de la Lune, grâce à cette foutue science sans conscience, encore quelques trésors illusoires.
« Les sociétés modernes tissées par la science, vivant de ses produits, en sont devenues dépendantes comme un intoxiqué de sa drogue. Elles doivent leur puissance matérielle à cette éthique fondatrice de la connaissance et leur faiblesse morale aux systèmes de valeurs, ruinés par la connaissance elle-même, auxquelles elles tentent encore de se référer. Cette contradiction est mortelle. C’est elle qui creuse le gouffre que nous voyons s’ouvrir sous nos pas ». Jacques Monod, Le Hasard et la Nécessité (1970).
Oui, demain, comme l’a prévu
Albert Caraco il y a cinquante ans, nous mourrons tous, et c’est un juste retour des choses pour cette humanité qui n’a cessé de s’entredéchirer et de tout détruire sur son passage.
Mais dans la confrontation entre la nature et les hommes, il y a une logique. Si ces derniers se refusent à contrôler leur propagation, ils se condamnent eux-mêmes, et certes la mondialisation sera l’instrument de cette sanction.
La mondialisation dans la croissance va renverser le dualisme. Il n’y aura plus de Nord riche et de Sud pauvre, mais des pauvres partout, du nord au sud, avec des îlots de riches répartis sur toute la planète. Ils édifieront de nouveaux châteaux forts super sophistiqués avec vigiles, barbelés, murs de la honte et miradors.
Tout autour de ces zones aussi privilégiées que protégées, d’immenses espaces de bidonvilles.
« La mondialisation c’est la bidonvilisation du monde. » Bernard Maris, Antimanuel d’Économie.
La bidonvilisation du monde est inévitable. Elle n’est pas une fatalité, mais la punition méritée par une humanité absurde, nourrie au sein d’une Providence aussi divine qu’irrationnelle.
La bidonvilisation est dans la nouvelle norme des choses. Elle est voulue. En effet elle s’exerce dans un cadre planétaire où il n’y a pas de loi mondiale, pas de morale mondiale, pas de tribunal mondial ; et ce n’est pas demain qu’il y en aura. Or dans la nature, le prédateur est l’acteur essentiel de la vie. Pourquoi le prédateur humain ne laisserait-il pas libre cours à son instinct naturel alors qu’il s’est transformé en démiurge en s’emparant du pouvoir des techniques, et qu’il ne rencontre aucun obstacle qui puisse s’opposer à sa force, à sa puissance ?
Les valets de l’ultralibéralisme se donnent beaucoup de mal pour présenter les effets bénéfiques de la mondialisation, mais ce qu’ils n’avouent jamais, c’est qu’elle est fondamentalement antidémocratique ; en fait elle se joue des lois. C’est en fait, la mondialisation du seul affairisme.
« La démocratie américaine est minée par l’affairisme et le poids exorbitant de la haute finance sur les grands moyens d’expression. » Dewey John (1859-1952).
Aujourd’hui, c’est donc le monde entier qui est miné par l’affairisme.
La mondialisation, ce n’est pas l’Economie-Monde, comme les professeurs de l’Université l’apprennent à des étudiants de plus en plus béats, mais c’est l’Economie-Finance, l’Economie-Banque. Après avoir épuisé les ressources de la planète et exploité des millions de travailleurs, le capital a déserté le secteur de la production, pour le secteur totalement artificiel de la finance.
La mondialisation du commerce a toujours existé. Comme nous l’avons déjà précisé, elle est quasiment « naturelle » chez l’homo sapiens qui peut faire des milliers de kilomètres pour échanger ce qu’il produit contre d’autres biens. Mais la mondialisation de la Finance, n’implique aucune relation humaine. Elle est inhumaine, parce que c’est la logique de l’instrument d’échange lui-même, l’Argent, le Fric pour parler vulgairement de ce qui est vulgaire, qui décide ce qui est Bon pour Lui, et seulement pour Lui.
« L’argent travaille cybernétiquement. Les propriétaires d’actions et de capitaux achètent et revendent usines et entreprises qu’ils envoient à la casse sur un coup de fil afin de hausser le prix de ce qu’ils raréfient. »
« [La bureaucratie financière], adopte envers le monde, la sagesse pratique du promoteur immobilier, qui gagne davantage à abandonner jusqu’au délabrement une maison de rapport dont l’espace vide a un prix sur le marché, alors que les loyers de locataires vivants et remuants demeurent inférieurs à la valeur spéculative du bâtiment, réalisable à tout instant. » Raoul Vaneigem, Nous qui désirons sans fin.
Il n’y a donc pas d’alternative à un tel système ; l’alter mondialisation est un leurre, une impasse, parce que le Pouvoir de la Finance ne se partage pas, ne se négocie pas, ne craint rien des soubresauts locaux, des révoltes catégorielles et même des révolutions, puisque c’est un pouvoir essentiellement virtuel, insaisissable, volatil, inexistant, malgré une mainmise de plomb sur l’individu. Selon Charles Goldfinger dans L’utile et le futile (1994), le montant des transactions des marchés financiers internationaux est soixante dix fois supérieur à celui du commerce mondial des marchandises : « Le volume quotidien du marché des changes est de l’ordre de mille milliards de dollars, comparé à 15 à 20 milliards pour le commerce de biens matériels ».
Il faut donc, soit attendre que cette Méga-bulle financière éclate d’elle-même, soit l’abattre.
Tous les bien-pensants qui s’offusquent et poussent des cris d’orfraie au seul nom d’eugénisme, se rendent-ils compte que la mondialisation est un instrument de sélection artificielle par le fric et la violence ?
Certains pensent que l’être humain s’en sortira par son seul génie et que les « objecteurs de croissance » sont bien trop pessimistes et irréalistes. En guise de résumé, reprenons donc quelques propositions de Nicholas Georgescu-Roegen (p 147 et 148 de La Décroissance), en nous posant une seule question :
Qui peut croire sincèrement qu’il est possible, sur toute la planète, et dans le cadre de la démocratie, d’ici une génération (25 ans) :
- d’interdire non seulement la guerre elle-même, mais la production de tous les instruments de guerre ;
- de cesser la spoliation des ressources naturelles des pays pauvres et d’accepter que la communauté internationale contrôle la répartition des bénéfices de leur exploitation au sein des pays concernés et que les pays dotés d’immenses forêts comme le Brésil et l’Afrique, reçoivent une rente pour les préserver, des autres pays, en proportion de leur population, puisque ces forêts sont les poumons de la planètes (80 % du bois importé en France l’est de façon illégale, grâce à la corruption de fonctionnaires locaux) ;
- de décider que l’humanité diminue progressivement sa population jusqu’à un niveau où une agriculture organique suffirait à la nourrir convenablement ;
- de réglementer strictement tout gaspillage d’énergie tel que les excès de chauffage, de climatisation, de vitesse, d’éclairage, etc. ;
- de nous débarrasser de la mode, « cette maladie de l’esprit humain », suivre la mode est même un crime bioéconomique ;
- que les marchandises prétendument « durables » soient rendues véritablement durables (un réfrigérateur fabriqué dans les années 50 avait une durée de vie possible de 40 ans !), en étant conçues comme réparables ?
Rajoutons : que les femmes soient réellement les égales des hommes, et que la parité soit effective au sein de toutes les instances de décision, quelles qu’elles soient.
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