Extrait 1 :
J’écris sans rime ni raison,
et même sans grande réflexion.
Mes cris de haine en principe
se passent bien de dictionnaire,
et je vomis toutes mes tripes
sans souci de la grammaire.
Les temps ne sont plus à la versification,
qui trop souvent ne cache qu’affectation,
romantisme désuet, sensiblerie
ou emphases béni-oui-oui.
Les temps sont aux anathèmes,
aux imprécations, aux blasphèmes
aux proférations apocalyptiques,
et autres tonitruantes philippiques.
Tant les peuples télémédusés sans répit
par les faux prêtres du dieu Profit,
sont restés sourds aux appels
de la sagesse universelle.
Je ne suis que le récepteur des multiples signes
régurgités en ces vociférations indignes
avant que la parole, noyée dans le verbiage
des professionnels du cabotinage,
ne disparaisse dans l’indifférence,
pour faire place à la seule violence,
à l’embrasement de milliers de brûlots,
prémices à l’avènement du Grand Chaos.
Extrait 2 :
Si l’homme était véritablement
doué d’intelligence,
il n’agirait pas en prédateur contre la nature.
À l’instar des anciens animistes
il aurait conservé une attitude de respect
devant tout ce qui vit.
Bien au contraire, sa prétentieuse rationalité
qui cache en fait, son manque flagrant de discernement,
lui a seulement permis de s’inventer des dieux
pour justifier sa prolifération insensée
et ses nuisances tous azimuts,
qui n’ont même pas sa survie pour excuse.
Il se proclama fils de Dieu, d’Allah
ou détenteur d’une parcelle de Brahman,
afin de glorifier son ego, son Moi prétentieux,
pour s’approprier ce qui n’appartient à personne
dans le seul but de l’exploiter :
les hommes, les femmes, les animaux
et la terre jusque dans ses profondeurs.
L’homme était encore plein de dignité et de sagesse
lorsqu’il demeurait sous la surveillance des grandes Mères.
À l’instar des bonobos, il vivait de cueillette,
de plaisir sexuel, et sans violence.
Avant de se perdre dans la plus grande illusion du monde :
la croyance en une vie éternelle,
dont l’on ne trouve aucune trace
ni dans le raisonnement
ni dans l’observation de la nature.
Quant au vain espoir de s’immortaliser
par sa descendance ou ses œuvres,
quelle puérile présomption !
Extrait 3 :
Les benêts fêtent les voisins
depuis qu’entassés dans des clapiers,
ils ne se parlent plus et se regardent de travers.
Les benêts fêtent la musique
depuis qu’ils jouent sur deux notes
et chantent sur trois mots.
Les benêts fêtent les mères
pour les remercier d’avoir mis au monde,
après tant de chair à canon,
aujourd’hui des machines à surconsommer.
Les benêts fêtent la femme,
depuis qu’on l’étale presque nue
dans des poses de putes
pour leur vendre n’importe quoi,
et aussi, depuis que dès l’enfance,
ils peuvent de par le monde, grâce à Internet,
s’exciter devant des scènes
de plus en plus avilissantes pour la femme.
Sans oublier le voile islamique
symbole de par les siècles de la soumission
et qui gagne chaque jour du terrain.
Les benêts fêtent les grands-mères
depuis qu’ils les concentrationnent
dans des maisons de retraite,
afin que la sagesse des anciens ne perturbe point
l’endoctrinement d’une jeunesse télémédusée.
Les benêts ont même inventé
la journée contre le travail des enfants
depuis qu’ils se précipitent
pour acheter encore et encore
ces gadgets inutiles mais pas chers,
sortis des mains de gamins esclaves
exploités par des parents innommables
à la solde de marchands sans scrupules.
Les benêts fêtent le Développement durable
mais continuent à brûler sans vergogne
le pétrole qui manquera demain à leur progéniture.
Extrait 4 :
Les benêts se mobilisent pour défendre les
« droits de l’homme ».
Mais pour payer moins cher les gadgets
dont ils ne pourraient bien se passer,
et qui encombrent leur triste vie,
ils acceptent que des ouvriers,
le plus souvent des enfants,
soient surexploités au bout du monde.
Et les benêts croient les illusionnistes
et autres experts des médias
qui affirment péremptoirement
que ça permet à ces peuples de se développer.
Ça permet surtout aux marchands
de multiplier leurs profits,
à l’abri des impôts nationaux et des revendications syndicales,
tout en expulsant les paysans de leurs terres
pour les enfermer dans le bagne
des nouvelles usines du monde.
La preuve, c’est que les multinationales
dès que des tensions sociales commencent à poindre,
abandonnent leurs nouveaux esclaves
en passant d’un pays pauvre à l’autre.
Les benêts sont heureux de payer leurs gadgets moins chers,
mais du coup leur pays ne fabrique plus grand-chose,
le chômage suit les délocalisations,
les caisses des prestations sociales se vident
et leurs avantages si chèrement acquis par leurs aïeux
sont rognés chaque jour un peu plus.
Demain ; le pétrole sera si cher que les benêts
devront fabriquer à nouveau des télés,
des casseroles, des réfrigérateurs,
replanter des arbres fruitiers
et défricher la terre abandonnée.
Mais ayant perdu leur savoir-faire
ils vont beaucoup souffrir.
Les lendemains des benêts s’annoncent très malsains.
Extrait 5 :
Après avoir été massacrés,
volés et violés par les Khmers rouges,
les paysans cambodgiens sont maintenant spoliés
par les Flibustiers de la Finance Mafieuse Internationale ;
banques, marchands, promoteurs et autres charognards
expulsent les habitants pour construire des hôtels de luxe.
Et avec allégresse, les anciens intégristes fidèles de Pol-Pot,
ont ainsi pu se reconvertir dans la corruption capitaliste.
Mis à part les benêts, qui peut croire encore
à l’amélioration de l’homme ?
Extrait 6 :
Capitalisme financier, mondialisation
et grande ou petite délinquance font bon ménage,
parce qu’ils relèvent d’une même loi,
loi unique, loi inique,
loi du maximum de profit, loi de la jungle, loi des hors-la-loi.
La propagande laxiste va de pair
avec le développement de la société marchande
où l’accroissement du bénéfice
résulte de l’inoculation par les médias de la fièvre acheteuse
à dix milliards de consommateurs,
et non plus de la production, devenue accessoire,
et voyageant au gré des pays à bas salaires.
À chaque fois qu’une marchandise est volée,
de l’I.pod à la BMW, la victime en achète une autre,
et les marchands doublent ou triplent ainsi
le nombre des consommateurs.
C’est le même, bien sûr, qui paie plusieurs fois,
et il est rarement ou bien mal indemnisé
par sa compagnie d’assurance.
C’est ainsi que la criminalité fait marcher le commerce
et dope notre Produit Intérieur Brut.
Tout le monde est content.
Pour les profiteurs de la politique, des médias et du show-biz,
le problème de la sécurité est « un terrain glissant »…
« On joue sur les peurs »…
Et sans doute en effet,
que des adolescents se fassent tuer à la kalachnikov,
que de plus en plus de policiers ou de gendarmes
se fassent écraser par des voleurs de voiture,
sans permis de conduire, sans assurance,
et cherchant à échapper à un contrôle,
cela ne fait pas peur à ces hypocrites élites
vivant dans des résidences hypersécurisées,
avec vigiles, digicodes et vidéosurveillance.
C’est ainsi que la loi biblique
« œil pour œil, dent pour dent »,
qui en fait, date des premiers âges,
fut rejetée après des millénaires de bons et loyaux services.
C’est alors que les circonstances atténuantes furent imaginées
pour punir a minima tout crime ou délit,
qu’on insiste partout sur la prévention
pourtant si peu efficace,
et qu’on ne parle plus de punition mais d’éducation,
dans des pays où seule l’incivilité est en pleine croissance.
S’il fut une époque où l’on emprisonnait
le voleur d’un quignon de pain,
aujourd’hui le braqueur d’une voiture de luxe
ne sera condamné qu’à trois mois de prison avec sursis,
assortis d’un « suivi psychologique »,
qui, faute de moyens, restera lettre morte.
L’Histoire saute toujours d’un extrême à l’autre !
Les lois laxistes, non seulement révèlent
un profond mépris des victimes
et rendent la justice inefficace,
mais permettent le développement
des zones de non-droit des banlieues,
du monde des affaires et des paradis fiscaux,
et font ainsi le jeu de la finance mondiale,
confortée de plus en plus
par l’argent blanchi des mafias et de la criminalité internationale.
Aujourd’hui il n’y a plus que deux classes :
la classe moyenne, c’est-à-dire, celle des esclaves,
qui continue inlassablement à travailler
et à payer impôts et cotisations sociales,
et la classe des rentiers de la finance et de la criminalité.
Il est temps de réinventer les bagnes,
de remettre au goût du jour la Loi du Talion,
et pour les élus corrompus ou corrupteurs,
comme dans l’Antiquité,
qu’on les jette de la Roche tarpéienne ;
le premier étage de la Tour Eiffel fera bien l’affaire.
Malheureusement les benêts,
ne semblent plus capable de résistance ni de révolte.
Il faut dire que durant bien trop longtemps
ils ont subi l’endoctrinement médiatique
de la prêtraille laïque bien-pensante,
soumise par vénalité à des marchands sans scrupules.
Extrait 7 :
« Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux » Etienne de La Boétie.
Sur ce que nous avons fait au monde
et que nous faisons encore malgré les mises en garde,
nous n’avons aucune excuse,
et ne bénéficions d’aucune circonstance atténuante.
Nous sommes tous coupables.
Tous autant que nous sommes.
Sous prétexte de gagner plus ou moins notre vie,
de nourrir nos enfants diront les hypocrites,
nous sommes bien les mercenaires de nos tyrans.
Quelle profession n’est pas impliquée
dans la destruction de la biodiversité ?
Qui n’est pas consommateur de ce pétrole
et de tous ces minerais qui s’épuisent ?
Qui peut se targuer de ne pas être complice
de cette armée de tueurs à gages,
qui, en Afrique et ailleurs, éliminent les opposants
de dictatures mises en place par nos gouvernements
pour le compte de ces multinationales,
dont nous sommes les clients fidèles ;
nous gavant avec indécence
de leur malbouffe merchandisée
et nous rendant esclave, avec tant d’acharnement
de leurs si futiles gadgets ?
Dans nos bureaux, nos laboratoires, nos ateliers,
dans nos magasins, sur nos chantiers,
nous cautionnons les pires des turpitudes,
les plus basses lâchetés
et les plus délétères compromissions,
en toute insouciance, ou avec la crainte
de perdre, parfois, un job bien rémunéré,
mais le plus souvent, un emploi précaire.
Et nous regardons sur nos écrans plats
à obsolescence programmée,
les souffrances de millions
d’hommes, de femmes, d’enfants,
victime de la guerre, de la faim,
du manque d’eau, d’expropriations,
des narcotrafiquants… de Fukushima…
Et nous nous croyons innocents…
Nous serions victimes d’aigrefins, d’élus corrompus,
d’oligarques qui complotent à notre perte.
Nous avons même l’indécence de montrer du doigt
cette Finance Mafieuse Internationale,
dont nous avons si complaisamment accepté les dictats
en nous voilant la face devant ses crimes,
tant qu’elle garantissait notre confort de petit bourgeois.
Mais c’est fini.
Car ces gens là, ont décidé de réorganiser le monde
sans nous, et contre nous.
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